Seules les constructions en dur sont raccordées au réseau d'assainissement. Ma sœur est décédée dans l'effondrement de notre baraque-bidonville il y a cinq ans. Et mon petit frère a failli perdre son pied ; sa vie n'est pas en danger, mais il souffre depuis d'un handicap», raconte un résidant de la cité Djenane Abbès II, dans la commune de Raïs Hamidou.Ce drame est dû aux inondations survenues il y a quelques années dans cette localité située sur les hauteurs de la Pointe Pescade. Mais, depuis, rien ou peu de choses ont été faites pour éliminer le risque.Selon des habitants rencontrés sur place, «la vie des résidants est en danger». Ainsi, l'approche de l'hiver continue de semer la peur parmi les habitants, qui gardent en eux le souvenir des ravages provoqués par les eaux pluviales. La seule opération effectuée par les services de l'APC a été la réalisation d'un réseau d'assainissement, auquel sont raccordés uniquement les habitants des constructions en dur.Quant aux occupants des baraques et des habitations précaires, ils doivent encore attendre, expliquent-ils. «Les responsables de la commune ont promis de nous raccorder prochainement, sans donner la moindre date», indique un jeune habitant. Mais le plus important à leurs yeux n'est autre que la réalisation d'avaloirs et d'un réseau d'évacuation des eaux pluviales. Un ouvrage indispensable que les responsables ne semblent pas mesurer à sa juste valeur. «C'est notre vie et la sécurité de nos enfants qui en dépendent», crie, désespéré, un autre citoyen. Des promesses qui tardent à se concrétiser -Mis devant le fait accompli et confrontés aux aléas de la nature, des résidants de la cité Djenane Abbès II demandent l'octroi de certificats de possession des lots de terrain qu'ils occupent. «Au moins qu'ils nous laissent construire des logements en dur et fortifier nos foyers», dira un de nos interlocuteurs, ajoutant : «nous sommes originaires de cette commune, nous attendons l'autorisation des autorités publiques depuis des lustres, mais on ne voit rien venir.» Si certains expriment leur souhait d'être relogés dans le cadre des programmes de l'Etat, d'autres préfèrent construire des habitations «dignes», en mesure de les prémunir des catastrophes naturelles. «Les responsables locaux ont à plusieurs reprises promis de régler notre situation», précisent-ils. A l'unanimité, ils demandent une réponse claire et définitive, car ils vivent dans un véritable dilemme, disent-ils.«Nos habitations sont raccordées légalement aux réseaux d'AEP et de l'électricité, nous payons nos factures et nous disposons de tous les papiers prouvant que nous sommes originaires de cette commune, mais nous vivons toujours dans l'illégalité» expliquent-ils, se demandant «à qui profite ce long blocage ?» Sur un autre plan, nos interlocuteurs ont exprimé le souhait de voir cette localité dotée de structures essentielles, notamment en établissements scolaires. Hormis l'école primaire, distante d'une centaine de mètres, les élèves des autres paliers sont contraints de faire de longs déplacements pour rejoindre les bancs d'école. «La plupart des élèves passent par la forêt pour gagner du temps, mais ce raccourci n'est pas sûr ; hélas, ils n'ont pas le choix», affirme un habitant.