L'appel fait par les représentants des commerçants à la veille de l'Aïd pour assurer la permanence des commerces et autres services durant les deux jours de fête a eu un suivi partiel, a-t-on constaté. Malgré la menace brandie par les ministères du Commerce et de l'Intérieur quant à de dures sanctions contre les récalcitrants, plusieurs quartiers ont été privés de services durant les deux jours de l'Aïd. Des restaurants, des pizzerias, des commerces d'alimentation générale et de fruits et légumes ont baissé rideau jeudi. Des chefs de famille, par souci de prudence, ont fait leur réserve de pain et de denrées alimentaires, plusieurs jours avant le jour du sacrifice. Le ministère du Commerce avait pourtant menacé de fermeture d'un mois tout commerçant ne se soumettant pas aux règles de la disponibilité du service public. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) avait, rappelle-t-on, exhorté les gérants de commerces d'alimentation générale, de boulangeries et de transports en commun d'assurer la permanence pour ne pas pénaliser les consommateurs. Cet appel a été différemment suivi par les commerçants. «Dans certaines wilayas, l'adhésion à cet appel a atteint 75%. Cela est dû au fait que les directeurs du commerce de ces wilayas ont fait un véritable travail de proximité. Dans d'autres, le suivi n'a même pas atteint les 25%, voire beaucoup moins», soutient M. Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, parmi les organisations ayant appelé au respect des règles commerciales. Selon la même source, près de 40 000 boulangers ont assuré le service au niveau national. C'est une première, et ce, depuis des années, durant lesquelles la course pour la baguette de pain constituait un véritable parcours du combattant. A Alger, la situation «est plus compliquée». Peu de commerçants, ayant répondu à l'appel de leurs représentants, se sont montrés peu «convaincus» par les menaces de leur tutelle. «Nous avons eu une certaine résistance et les gérants présentent des arguments valables, liés aux lacunes réglementaires concernant le paiement de la permanence et l'indisponibilité de la main-d'œuvre. Certains boulangers, à titre d'exemple, n'ont aucun moyen pour obliger leurs personnels issus d'autres wilayas pour assurer le service. Avec quel texte, les obligeront-ils, quelle compensation leur proposer ? Autant d'interrogations auxquelles la tutelle n'a pas donné de réponse accompagnant les menaces de fermeture, explique notre interlocuteur de l'UGCAA. Mais ce sont les transporteurs en commun qui ont déserté les stations de bus. Les voyageurs ont trouvé beaucoup de peine pour arriver à destination. Les entreprises de wilaya de transport urbain et suburbain se sont avérées peu suffisantes pour répondre à la demande. Pour les représentants des commerçants, «la situation se présente beaucoup mieux que les années passées, même s'il y a beaucoup à faire pour atteindre un niveau de couverture satisfaisant». La finalisation de la loi encore en projet présentée en 2011 reste un atout pour «parfaire» le service public. «Actuellement, les pouvoirs publics ne peuvent prétendre à une quelconque menace contre ceux qui ont fermé durant l'Aïd, car tout simplement, il n'y aucun texte juridique régulant la permanence. Les représentants des commerçants ne peuvent non plus se substituer aux pouvoirs publics pour remédier aux failles. Notre travail est de sensibiliser, mais aux pouvoirs publics de gérer et d'encadrer ce travail qui commence enfin à germer», explique M. Boulenouar en lançant un appel aux directions des transports et du commerce de chaque wilaya pour faire un travail de proximité et pour améliorer ces prestations à l'avenir.