Le premier responsable du MSP, Bouguerra Soltani, veut être le prochain président de l'Algérie. « Je souhaite être président de la République en 2009 », a déclaré le chef de file du parti islamiste lors de son passage, hier, au forum de l'ENTV. « Nous sommes l'alternative de ce pays », a-t-il affirmé. Le MSP, selon lui, en comparaison avec le nombre de militants structurés au sein du FLN (350 000 d'après Belkhadem, ndlr), « est la première force politique en Algérie ». « Nous avons un nombre de militants structurés beaucoup plus important », a-t-il attesté, sans toutefois révéler le nombre exact des adhérents. La prochaine élection présidentielle, a-t-il expliqué, se présentera avec un changement de certaines donnes, notamment la fin de la légitimité historique. « Le plus jeune des moudjahidine aura à l'horizon 2012 plus de 80 ans. L'année 2012 est l'année du changement, pour ne pas dire une année propice pour l'avènement de la deuxième république », a-t-il lancé. Il soulève, dans la foulée, la question de la transparence des joutes électorales. Pour lui, si la décision populaire est respectée, son parti créera la surprise. « Mais nous refusons le recours à la violence. Vous rappelez-vous de l'exclusion du défunt Mahfoudh Nahnah de la participation à la présidentielle de 1999 ? On pouvait utiliser la violence, car cette décision est illégitime et la base du parti était, à cette époque, surchauffée. Cependant le cheikh Nahnah était sage et a calmé les esprits », a-t-il rappelé. Toutefois, l'arrivée du MSP au pouvoir est peut-être réalisable avec un seul moyen : « La récupération des militants de l'ex-FIS. » D'autant que Bouguerra Soltani n'écarte pas la possibilité de l'ouverture des portes de son parti aux islamistes bénéficiaires de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. « Je suis en contact avec des personnes qui peuvent adhérer au MSP. Tous ceux qui partagent nos idées sont les bienvenus », a-t-il annoncé. « Nous avons des critères bien définis par les textes de la charte. Tous ceux qui ne tombent pas sous le coup de la loi sont les bienvenus », a-t-il ajouté. A la question de savoir quels sont les responsables de la tragédie nationale, Bouguerra Soltani s'est montré ambigu. D'abord, il a affirmé que les responsables de la tragédie nationale ne sont pas connus et il faut du temps pour les définir. Est-ce qu'on peut parler d'interdits sans définir les personnes incriminées ? Le patron du MSP rétorque : « Il n'y a pas une partie ou une personne en Algérie qui n'est pas responsable de la tragédie. Tout le monde a une part de responsabilité. » Le responsable du MSP confirme également ses tentatives de prendre attache avec les responsables de l'ex-FIS à l'étranger pour les inviter à rentrer au pays. « Personne ne peut m'interdire de prendre cette initiative. J'ai chargé des responsables du MSP de contacter ces personnes en vue de les convaincre de rentrer au pays et de bénéficier de la charte. Nous avons six mois pour les convaincre », a-t-il indiqué. Concernant le maintien l'état d'urgence (en vigueur depuis 1992), le MSP, selon son président, tient toujours à sa revendication de la levée de ce dispositif. « Le moment est propice pour la levée de l'état d'urgence », a-t-il souligné. Le ministre de l'Intérieur et le chef du gouvernement ont plaidé récemment pour le maintien de cette situation.