Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) s'oppose d'ores et déjà à la mouture sur la révision de la Constitution telle qu'elle a été élaborée par le FLN. « Nous n'accepterons pas une Constitution FLN, mais nous sommes pour une Constitution de l'Algérie », a insisté, hier, le président du MSP, Bouguerra Soltani, lors d'une journée d'étude parlementaire sur le développement humain, organisée à Zéralda. Le chef du MSP précise qu'il est plutôt pour « l'enrichissement » de la Constitution et non pour sa simple révision. « Après dix années, de 1996 à 2006, dira-t-il, la Constitution doit permettre plus de libertés, un plus grand rôle dans la société civile et une séparation précise des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire, ndlr) ». Invité à se prononcer sur la révision du mandat présidentiel, que prend en charge l'article 74 de la Constitution, Bouguerra Soltani refusera qu'on focalise sur cette disposition de la Constitution. « Il faut prendre la Constitution comme un tout », dira-t-il. Cela même s'il reconnaît que la question du mandat présidentiel fera également objet d'une révision. Selon lui, le MSP a constitué une commission pour plancher sur des propositions à faire dans le sens de l'enrichissement de la Constitution, se refusant, toutefois, de s'étaler sur des détails sur les propositions de son parti. Sur un autre plan, Bouguerra Soltani a tenu à « corriger » son chef de groupe parlementaire, Abdelhak Boumechra, qui avait déclaré, avant-hier à la presse, que son parti exige un gouvernement neutre pour le scrutin 2007. « Boumechra n'a fait que réitérer les déclarations que j'ai faites il y a quelques jours (avant la nomination de Belkhadem à la tête de l'Exécutif, ndlr). » Il tempère, toutefois, sa confiance dans la démarche du nouveau chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Bouguerra estimera que Belkhadem n'osera pas frauder les élections puisque, selon lui, c'est lui-même qui a dénoncé ce risque si Ouyahia était maintenu à la tête de l'Exécutif. « On va attendre quelque temps pour voir ce que va proposer Belkhadem. Si nous constatons que ses propositions ne sont pas conformes par rapport à ses engagements, nous allons continuer à faire valoir nos revendications », a-t-il menacé. Il ne veut pas que les prochaines élections soient au bénéfice d'une partie ou d'une autre, affirmant que si c'est le cas, il exigera un gouvernement technocrate. D'ailleurs, il indiquera qu'il n'était « ni contre la personne d'Ouyahia ni celle de Belkhadem », mais souhaite seulement que les prochaines élections soient organisées de manière « honnêtes et transparentes ». Le chef du MSP trouvera d'ailleurs curieux que la presse a « bouillonné » quand elle a appris le changement à la tête du gouvernement, alors que, selon lui, « c'est un fait tout à fait ordinaire ». La chose anormale, a-t-il déploré, c'est la réapparition, ces derniers temps, de ce qu'il appelle « le M22 ». Allusion au groupe du Comité algérien pour la sauvegarde de l'Algérie (Casa), créé le 22 mars 1991, pour appeler à « sauver la République » lorsque le FIS était à la tête de la majorité des APC. « L'Algérie n'est pas la leur, ils doivent sortir de la clandestinité pour travailler dans les normes », a-t-il tranché à ce propos. Il ne dit, cependant, point sur l'identité de ces M22. interrogé, par ailleurs, à donner son point vue sur la non-présentation par Belkhadem de son programme à l'APN, Bouguerra réplique que « c'est à la majorité parlementaire actuelle de réagir s'il y a vraiment violation de la Constitution » dans ce cas de figure. Il citera également le Conseil constitutionnel, qui est habilité, lui aussi, à se prononcer sur cette question. Sur ce registre, le chef du MSP a déclaré qu'il aurait été souhaitable que Belkhadem se présente devant l'APN, même en se contentant de déclarer devant les députés qu'il n'a pas de programme à exécuter autre que celui du président de la République. Dans le même ordre d'idées, Bouguerra Soltani était pour qu'Ouyahia fasse son bilan devant les députés. Le président du MPS a, par ailleurs, estimé que le pluralisme politique au sein des APC a contribué à la mauvaise gestion de celles-ci. Il suggère, d'ailleurs, que « les APC soit gérées avec une seule coloration politique ». L'Algérie a des moyens pour se développer, selon lui, mais le problème est dans la gestion des programmes. Bouguerra Soltani a réitéré, enfin, la nécessité de la levée de l'état d'urgence et la levée du gel de la loi sur la langue arabe.