Salle archi comble, mercredi soir, au Théâtre régional de Béjaia(TRB) pour la générale de la comédie musicale « 1930 » de Abdelaziz Yousfi ou Bazou, au troisième soir du 4 ème Festival international du théâtre de Béjaia. Béjaia De notre envoyé spécial Fayçal Métaoui La présence du wali de Béjaia a bousculé les choses. Le protocole qui accompagne les walis reste lourd et excessivement sécuritaire. La forte présence du public a été interprétée comme « un signe de bonne santé » du théâtre algérien par Omar Fetmouche, commissaire du festival. « La salle ne compte que 350 places. Elle ne peut contenir plus que cela », nous a-t-il expliqué. Bazou, en habillant ses comédiens de couleurs vives et entourant leur jeu de chorégraphie et de musique, raconte en une heure l'histoire, tout a fait imaginaire, de Belkacem Benchaabane, un hors loi au cœur tendre qui alimente la chronique de la Casbah d'Alger en 1930. Cette année là, le colonialisme français célèbre les cent ans de présence en Algérie. Belkacem, qui veut venger la mort de son père et qui se révolte contre la pauvreté et la misère de son peuple, fait parler de lui. « Au voleur ! », crie une femme au début du spectacle. Elle est relayée par un chant chaabi : « Qalb hni ou dafi » (« un coeur généreux et tendre »). La population de la Casbah considère Belkacem comme un bienfaiteur, sorte de Robin Hood. Le capitaine François vient dire à tout le monde qu'il est là pour « rétablir l'ordre et la loi ». Le préfet veut qu'il soit rattrapé et mis en prison pour en pas « gâcher » la fête officielle. Le pouvoir colonial encourage la délation : une récompense de 200.000 francs est proposée pour « la capture » de Belkacem Benchaabane. La femme du préfet se plaint des « odeurs », de « la puanteur », de « l'humidité », de « la « chaleur », imputables aux arabes. « Et, on plus ils ne sont pas chrétiens! », crie-t-elle. La fille du préfet Anne a de la sympathie pour les arabes, leurs traditions, leur culture et « la chaleur de leurs maisons ». Le trois quart du spectacle est joué en français. Cela fait trop pour une pièce censée « dénoncer » l'acculturation voulue par l'ordre colonial. Les algériens dans tout cela ? « Ils s'expriment à travers les textes chantés. La domination de la langue française relève d'une situation. Le fait que les algériens chantaient pour s'exprimer était plus beau pour moi», se défend Bazou. « Mon but n'est pas d'évoquer le conflit entre la France occupante ou l'Algérie. Cela aurait pu se dérouler l'importe où où monde. C'est l'histoire d'une confrontation entre des occupants et ceux qui sont dominés. Sur scène, vous voyez la Casbah que moi je vois »,ajoute-t-il. Le metteur en scène s'est appuyé sur les lumières pour créer de l'espace, la vision de l'évolution du jeu. Le décor est resté figé, ce qui dénature quelque peu l'idée d'une comédie musicalen, expression par excellence du mouvement et du changement. La diction de certains comédiens est à refaire complètement. Il en est de même pour la maîtrise de la voix. Certaines répliques étaient pratiquement inaudibles. Bazou, qui a composé la musique du spectacle, a puisé son inspiration dans les airs des années 1930. Il a repris deux chansons de Ahmed El Kamel, un chanteur algérois bien en vogue à cette époque. Il a également revue une chanson de Line Monty, une chanteuse d'origine juive d'Alger. « J'ai voulu rendre hommage à ces artistes qu'on ne connait pas bien », a-t-il dit. Les paroles de la pièce « 1930 » ont été écrites par la comédienne-chanteuse Mounia Ait Meddour. « Certains comédiens sont montés sur scène pour la première. Quand, on les voit on a l'impression qu'ils ont toujours joué », a ajouté Bazou, metteur en scène de la pièce « Au delà de la mer ».