La nouvelle loi sur les associations, promulguée en janvier dernier, interdit-elle aux citoyens et aux militants de lutter contre la corruption ? La question reste posée. Le ministère de l'Intérieur vient, en tout cas, de refuser de délivrer le récépissé d'enregistrement à l'Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC), dont l'assemblée constitutive s'est déroulée le 7 juillet dernier. C'est ce qu'a annoncé le bureau national de cette association dans un communiqué rendu public hier. «Le bureau national de l'ANLC et suite à la correspondance datée du 9 octobre et reçue le 29 octobre 2012, le ministère de l'Intérieur a refusé la délivrance du récépissé d'enregistrement relatif à la création de l'ANLC», lit-on dans le document de l'ANCL. Selon Moumen Khelil, secrétaire général de l'ANCL, «le président de l'association, Mustapha Atoui, a reçu une lettre non motivée et non pas une décision». «Refuser l'octroi du récépissé d'enregistrement est une violation de la loi sur les associations et le principe de la liberté d'association garanti par la Constitution et le Pacte international des droits civils et politiques», explique notre interlocuteur. Pour lui, «cette interdiction contredit le discours officiel sur les réformes politiques et la volonté de lutter contre la corruption». Mais l'ANLC ne baissera pas les bras pour autant. Lutter contre la corruption qui gangrène des pans entiers de l'administration, jusqu'à déséquilibrer le fonctionnement même de la société, est un objectif sacré pour cette nouvelle association qui semble faire peur aux autorités. Une conférence de presse sera organisée, aujourd'hui à 11h, au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), pour réagir à cette interdiction. La rencontre portera sur le processus de création de l'ANLC et les lectures à faire de cette interdiction arbitraire.