L'idée de « démocratiser » le fonctionnement de la Ligue arabe a émergé bien avant le 17e Sommet arabe, tenu en mars 2005 à Alger. Elle a cependant grandi dans les coulisses des rencontres préparatoires de ce sommet, qui s'est tenu pour la troisième fois en Algérie. Si un consensus s'est vite fait autour de l'idée de réformer cet espace commun regroupant périodiquement les chefs d'Etat arabes -souvent en rangs dispersés-, la question de la démocratisation du fonctionnement de la Ligue, quant à elle, a constitué un sujet à divergences. L'Algérie est sans conteste le premier pays à poser en des termes crus la nécessité d'une « alternance » à la tête de cette « entité » politique arabe. L'idée n'a pas plu, bien entendu, à l'Egypte qui s'est sentie visée par cette proposition, pourtant applaudie par d'autres pays comme le Maroc, la Palestine et le Liban. Face aux farouches résistances manifestées du côté des Pharaons, l'Algérie a continué de plaider pour, notamment, un secrétariat général tournant, et ce, en mettant en avant le fait que les fondements sur lesquels reposent la création et le fonctionnement de la Ligue sont « désuets ». Encore, l'Algérie a refusé que la Ligue arabe, dont le siège se trouve au Caire, devienne « une annexe » du ministère des Affaires étrangères égyptien. La sortie algérienne a provoqué un vent de colère chez le régime de Moubarek. Mais l'Algérie n'est pas revenue sur ses déclarations. Au contraire, elle a proposé non seulement un schéma de réformes de l'organigramme et des institutions de la Ligue mais aussi une refonte totale de « sa » charte datant de 1945. Dans le sillage, l'Algérie a élaboré un avant-projet de charte afin de mettre un terme au « diktat de l'unanimité ». Dans cet avant-projet, il est mis fin au consensus dans la prise de décisions de la Ligue. Ce consensus est maintenu uniquement pour les questions qui concernent les institutions. L'Algérie a voulu donc rompre avec cette vieille tradition qui est, d'une manière ou d'une autre, à l'origine de l'inefficacité coutumière caractérisant l'organisation panarabe. S'attirant les foudres du Caire, l'Algérie a encore plaidé pour que les décisions soient prises à la majorité « qualifiée ». Cela pour éviter l'immobilisme de la Ligue. Le gros de ces réformes est passé lors du Sommet d'Alger. Grâce à l'Algérie, la Ligue s'est, en effet, dotée d'un mécanisme de prise de décisions fondé sur un système de vote plus en adéquation avec la démocratie. Aussi, le 17e sommet a abouti à l'institution d'un parlement arabe, dont le siège sera à Damas, ainsi qu'à la création d'un comité de suivi des décisions. Cela dit, même si le Sommet d'Alger a débouché sur des résultats notables consacrant certains acquis démocratiques, la question de l'alternance demeure posée.