Les nombreux dossiers de coopération débattus par la deuxième session de l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM), tenue dimanche et lundi à Bruxelles, ont-ils quelque chance d'évoluer positivement pour les partenaires, lorsque le Parlement européen (PE) refuse d'accueillir la délégation palestinien ? Si le président du PE a fui la question des journalistes sur l'absence des élus du Hamas palestiniens dans ce forum, nos sources ont confirmé que, c'est bien le refus du PE qui en est l'origine. Les Palestiniens ont déposé leur demande de visas, mercredi dernier, au gouvernement belge. « Ce dernier a saisi, comme de coutume, l'auguste institution européenne le jour même. Le refus du PE a été signifié aux Belges jeudi matin », nous a déclaré un responsable, élu au PE. L'autre grand absent a été l'Etat d'Israël. Mais les raisons sont différentes. Israël organise, justement, des élections législatives ce mardi. Dès lors, l'ombre du conflit israëlo-palestinien a, sans être abordé directement à Bruxelles, plané sur les débats. Toutes les intentions légitimes des parlementaires de faire avancer la coopération et la paix dans la zone euro-méditerranéenne ne peuvent évacuer la nouvelle crise du Moyen-Orient. L'Europe, autant que les USA, est confrontée à un dilemme : le Hamas palestinien est reconnu comme un mouvement terroriste, donc antidémocratique, mais le Hamas est arrivé au pouvoir par la voie des urnes, donc par un procédé démocratique. Le chef du gouvernement palestinien, Ismaïl Hennaya, est prêt à rencontrer les Israéliens, pour peu que ces derniers reconnaissent les aspirations du peuple palestinien à un Etat sûr et viable. Les questions des frontières, de Jérusalem-Est, du retour des réfugiés... constitueront l'ordre du jour des négociations, avec l'appui du Quartette. En contrepartie, le Hamas révisera sa charte, en renonçant à la « destruction » de l'Etat d'Israël. En somme, le Hamas reprendra la place de l'OLP et l'attitude du Fatah. A Bruxelles, c'était une réunion des élus. Les élus ont, en principe, plus de liberté et de marge de manœuvre pour rétablir le dialogue entre des belligérants. A la différence des pouvoirs exécutifs ils sont, entre autres, des médiateurs dans les crises. C'est pourquoi l'attitude du PE vis-à-vis du Hamas (du gouvernement palestinien) est plus que troublante. Toutes les autres questions soulevées durant ces deux journées à Bruxelles, tels les flux migratoires, le dialogue inter-religieux, les droits de l'homme, la sécurité, l'environnement... et tant d'autres, ont été ressenties comme des redondances et des déclarations de principe. Car, commentpeut-on construire la paix sans la justice ? Celle qui manquecruellement à Ghaza et en Cisjordanie.