Les formations de l'opposition syrienne réunies à Doha ont signé, dans la nuit de dimanche à lundi, un accord pour constituer une coalition, après d'intenses pressions arabes et occidentales sur le Conseil national syrien (CNS) qui bloquait cet accord. «Nous nous sommes entendus sur les points essentiels de la formation de la Coalition nationale syrienne pour les forces de l'opposition et de la révolution», a déclaré à la presse l'opposante Souheir Atassi, à l'issue d'une réunion marathon de douze heures. C'est sur la base d'une initiative de Riad Seif visant à fédérer l'opposition, initialement rejetée par le CNS, que les discussions avaient été entamées jeudi à Doha. Le CNS, principale coalition de l'opposition, bloquait l'adoption de ce projet de crainte, avance-t-on, de se voir marginalisé. Celui-ci vise à fédérer l'opposition en «une instance exécutive susceptible de traiter avec la communauté internationale et de canaliser les aides». Mais le CNS a été soumis, samedi, à d'intenses pressions du Qatar, des Emirats arabes unis et des Etats-Unis. Des responsables du CNS ont eu des concertations en coulisses avec des responsables qataris, émiratis, turcs ou américains, avant l'ouverture de la réunion de Doha, selon des membres de la coalition. Le chef de la diplomatie émiratie, Abdallah Ben Zayed Al Nahyane, «a assuré que (...) l'appui international serait plus fort si nous parvenons à unifier l'opposition», souligne Ahmad Ramadan, membre dirigeant du CNS. «Nous avons été soumis à d'énormes pressions», a reconnu pour sa part Samir Nachar, membre dirigeant du CNS. Jusqu'à récemment, le CNS était considéré par la communauté internationale comme un «interlocuteur légitime», mais son manque de représentativité était de plus en plus critiqué, en particulier par l'Administration américaine. Le plan prévoit la formation d'une instance politique unifiée d'une soixantaine de membres représentant les différents groupes de l'opposition, dont ceux animant le soulèvement de l'intérieur et les formations militaires. Cette instance devra à son tour constituer un gouvernement transitoire de dix membres, un conseil militaire suprême et un organe judiciaire. Sur le terrain, en Syrie, les combats faisaient rage entre rebelles et soldats pour le contrôle de villes-clés, notamment près de la frontière turque. L'aviation syrienne a mené des frappes contre plusieurs secteurs du nord-est, près de l'Irak. Les combats ont débordé au sud du pays, où un obus de mortier syrien est tombé dans la partie du Golan occupée par Israël, poussant l'armée israélienne à tirer des coups de semonce en direction de la Syrie, premier incident du genre depuis près de 40 ans, selon des sources militaires israéliennes. Des hélicoptères ont, en outre, bombardé la localité de Mayadine, tandis que des quartiers de Deir Ezzor étaient visés par des obus, a ajouté l'OSDH. Des combats faisaient également rage près de Rass Al Aïn (nord-est), près de la frontière turque. Dans la banlieue de Damas, des combats ont éclaté à Harasta et des obus sont tombés sur Yalda (sud). Les comités locaux de coordination (LCC), un groupe de militants, ont fait état d'intenses tirs d'artillerie du régime contre les régions au sud-ouest de Damas. «L'armée et les forces de sécurité ont commencé une opération de nettoyage de la province de Damas, qui devrait s'achever dans quelques jours», selon le quotidien Al Watan, proche du pouvoir, en soulignant que «des milliers de terroristes» avaient «vainement tenté de pénétrer dans la capitale».