Jamais deux sans trois, oserait-on dire à l'endroit du conflit qui oppose depuis plus de 45 jours le collectif des travailleurs de Cotosud, filiale de Texmaco, au DG, si ce n'est le fait que cet énième conflit s'inscrit dans une conjoncture particulière pour le groupe. Alors qu'au niveau du SGP-IM l'on vit dans l'attente de l'implication des pouvoirs publics pour l'exécution des décisions de justice réhabilitant le président du directoire, M. Maâche estime que l'Etat doit se déterminer par rapport à la déstabilisation du secteur en cours. A l'instar des autres filiales, Cotosud menacée dans son existence résiste. « Après la fermeture de la filiale de Tébessa, délibérément mise en faillite par la mafia du coton, le sabotage des mesures de redressement initiées par le DG de Mac Soum d'Akbou, nous ne pouvons rester passifs », déclare-t-on. Solidarité syndicale M. Saddok, en poste seulement depuis novembre 2005, est interdit d'accès à l'entreprise au motif qu'il a pris fait et cause pour une partie du personnel, dont des cadres supérieurs intérimaires qui sous couvert d'application des règlements entendent instaurer la stabilité par une mise au pas du conseil syndical particulièrement ciblé. « Figurez-vous, pas une sanction n'a été prise à l'encontre des travailleurs pour manquement depuis plus de deux ans, comme voulez-vous que cela marche », s'est offusqué un cadre promu récemment. Depuis, une quarantaine de membres du personnel, en signe de solidarité avec le DG, refusent de rejoindre leur poste de travail. La plainte déposée à l'encontre de huit travailleurs, suivie d'une deuxième à l'encontre de 21 autres dont des syndicalistes, assortie de mesures de suspension sans consultation du partenaire social, sans compter la multitude d'autres plaintes qui vont suivre ont fini par annihiler toute possibilité de règlement. L'ébauche d'une sortie de crise concoctée par l'entremise d'une commission dépêchée par le groupe, quant à elle, a été délibérément mise a plat. La défiance des travailleurs Au niveau de l'usine, signe de défiance, les ateliers tournent, la cadence est maintenue à des taux supérieurs à ceux qui prévalaient. Les membres du conseil syndical ont dû recourir à la solidarité des concitoyens, prêts auprès de particuliers pour faire face aux dépenses de carburant et pour pouvoir accorder des avances de 3000 DA, histoire de subvenir aux besoins des quelque 600 familles de travailleurs en difficulté. Dimanche dernier, plusieurs camions étaient chargés de produits pour honorer les commandes en instance. « La survie de notre outil de travail dépend de notre capacité à honorer notre cahier des charges qui est très conséquent », précise-t-on. Au fait des menaces qui pèsent sur l'existence même de l'entreprise, le conseil syndical, signe de bonne volonté, ne fait plus obstacle à l'application d'une ordonnance préliminaire, ce sont les travailleurs désormais qui s'opposent au retour du DG. « Son prédécesseur, qui a été limogé pour corruption et pour faux et usage de faux, octroi de documents administratifs pour frais de mission à l'étranger, pour des personnes n'ayant aucun lien avec la filiale, nous a laissé une ardoise de 300 millions de dinars. Au rythme où vont les choses, et sans préjuger des capacités de gestion de M. Saddok, on va droit vers un bilan similaire », estime-t-on. Entre autres griefs retenus contre M. Saddok, outre ses absences, son refus de produire du fil pour un client dont les créances sont nulles et préférant accorder à deux autres clients redevables de 29 millions de dinars et 49 millions de dinars, refus d'acquisition de pièces détachées auprès de Soitex pour dépanner une trentaine de métiers à l'arrêt, sous prétexte d'inadaptabilité ; le drap de lit pèserait 132 gr au ml en plus de la norme, soit une perte de 7 millions de dinars sans qu'aucune mesure ne soit prise ; sa passivité à l'endroit de l'acquisition abusive de 56 t de produits d'encollage au lieu de 31 t définies par le programme, dont une partie, près de 27 t, se serait volatilisée, son refus de prendre en charge des commandes de l'ordre de 140 000 ml de popeline, alors que la production dudit produit atteint à peine 34% du programme. Contacté par nos soins, M. Saddok s'est contenté de souligner que c'est lui en fait qui est à l'origine de ce diagnostic. « Qu'on ne vienne pas m'attaquer avec mes propres arguments, le redressement de l'entreprise ne peut se faire dans l'instabilité et l'anarchie », souligne-t-il. En dépit du fait que l'usine fonctionne sur la base des anciens statuts et du registre du commerce établi au nom de son prédécesseur, M. Saddok, dont le dossier administratif n'est pas encore parvenu à la filiale et pris en charge depuis son installation à hauteur de 100 000 DA/mois, estime que tout ce qui se fait est illégal. Par ailleurs, nous avons appris auprès de la direction légitime du groupe Texmaco, qu'à titre de mesures d'apaisement, un nouveau directeur par intérim a été désigné hier. Selon nos interlocuteurs, cette mesure a été prise pour mettre fin à la situation d'anarchie qui peut à tout moment provoquer des débordements malheureux.