Le protocole d'accord signé entre les deux parties a recommandé le gel de l'ensemble des actions judiciaires intentées par les belligérants auprès des tribunaux et le règlement des arriérés de salaires des travailleurs. Le feuilleton cauchemardesque, qui a paralysé pendant plus de vingt mois l'activité du complexe Cotosud de Laghouat, vient de connaître son épilogue après la signature, la semaine dernière, d'un protocole d'accord entre le groupe Texmaco spécialisé dans la cotonnade et la draperie d'une part, et l'Union de wilaya UGTA de Laghouat, d'autre part. Le règlement du conflit est survenu en présence de M. Adli, premier responsable de l'exécutif de la wilaya, qui a pesé de tout son poids après moult échecs. Les deux parties sont convenues de désigner M. Ammari Saïd installé en qualité de directeur général par intérim, et à mettre fin aux fonctions de MM. Sadouk et L. Houissati, qui se disputaient la direction générale du complexe Cotosud dont le siège social est au chef-lieu de la wilaya de Laghouat, à environ 400 km au sud d'Alger. Il a été convenu la création d'une commission d'inventaire après un constat préalable à faire établir par deux huissiers de justice représentant le groupe Texmaco et L. Houissati en sa qualité de désormais ex-premier responsable du complexe Cotosud de Laghouat. Le protocole d'accord a recommandé le gel de l'ensemble des actions judiciaires intentées par les belligérants auprès des tribunaux, et le règlement des arriérés de salaires des travailleurs qui ont longtemps souffert de “l'épisode noir'' de leur complexe. Ainsi, les travailleurs dudit complexe ont démontré que la mobilisation et l'union dans l'action paient. En effet, le temps a fini par leur donner raison. En plus de plusieurs sit-in devant le siège de l'Union de wilaya (UGTA) de Laghouat, et l'effort accompli dans la médiatisation de leur cause, pas moins de 100 travailleurs se sont déplacés au début du mois de mai dernier, sur Alger, et avaient tenu, en s'en souvient, un sit-in devant la Maison du peuple (siège de l'UGTA) pour interpeller la Centrale syndicale sur la nécessaire solution de leurs problèmes, notamment ceux liés aux salaires impayés à ce moment-là, depuis de 15 mois. Les promesses non tenues Pour rappel, en début du mois de mai passé, alors qu'ils s'attendaient à une issue à leur cauchemar, ces travailleurs étaient surpris par le “silence radio” de la Centrale syndicale UGTA. En effet, les protestataires ne sont pas arrivés à exaucer leurs vœux du fait qu'ils n'avaient pu rencontrer ni le secrétaire général de la Centrale syndicale ni aucun autre membre du secrétariat national de cette dernière. Personne n'avait daigné les “écouter”, nous dit-on. Leur but était de tirer, une énième fois, la sonnette d'alarme et interpeller la Centrale syndicale sur leur situation sociale désastreuse. Le patron de la Centrale syndicale UGTA leur avait fait la promesse de leur régler le problème des salaires impayés avant le 10 mai de l'année en cours. En vain. Une promesse, dit-on, qu'il leur avait faite lors de son passage dans la région de Laghouat à l'occasion de la fête internationale du travailleur, le 1er mai dernier. La mafia locale du coton mise à l'index Déçus par la promesse non tenue par le patron de la Centrale syndicale, les travailleurs protestataires se sont interrogés sur le paradoxe caractérisé par le fait que l'entreprise publique Cotosud est en bonne santé financière du fait qu'elle comptabilise plus de 4 milliards de centimes, gelés au niveau de la banque, apprend-on, et que son produit est de très bonne qualité, d'une part. De l'autre, elle patauge dans de faux problèmes qui pénalisent ses salariés. Beaucoup d'entres eux accusent “la mafia locale du coton” qui active dans le but de fermer le complexe de Laghouat. Ce fleuron de l'industrie textile qui a coûté pas moins de 100 milliards de centimes était l'otage, nous dit-on, d'une “poignée de trabendistes” qui se fond passer pour des investisseurs. Les travailleurs n'avaient pas caché leur déception et le quotidien misérable qu'ils avaient enduré. Parmi eux, il existe ceux qui étaient menacés d'expulsion de leur demeure pour cause de non-paiement de loyer, d'autres se sont rabattus sur les aides des voisins et autres amis de la famille, pour subvenir aux besoins vitaux de leurs foyers. En raison de non-règlement des factures de l'électricité, Sonelgaz était dans l'obligation de couper le courant pour beaucoup d'entre eux. Ces derniers utilisaient la bougie pour permettre à leurs enfants de réviser leurs cours à la veille des examens. Selon les dires des protestataires que nous avons rencontrés, leur entreprise, qui était en très bonne santé financière, a commencé à sombrer dans les problèmes depuis la désignation de deux responsables au lieu d'un seul, à la tête de la société de gestion des participations de l'Etat. Ces mêmes responsables avaient désigné, chacun à son tour, un directeur de l'entreprise Cotosud de Laghouat. Et ce, en dépit, nous dit-on, d'une décision de justice ayant confirmé seulement l'un d'eux dans le poste de directeur et déchu l'autre de cette qualité. Désormais, il appartient au nouveau management et aux travailleurs de savoir tourner la page et de tirer les leçons des effets désastreux de la dilution des responsabilités en matière de gestion d'entreprise. Ainsi, le complexe Cotosud de Laghouat regagnera la place qu'il mérite dans une économie de marché régie par les règles loyales de la concurrence. BOUHAMAM AREZKI