Le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie veut supprimer du serment prêté par les députés toute référence à la laïcité et au fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, a-t-on appris hier. Selon la proposition déposée par le Parti de la justice et du développement (AKP) auprès de la commission parlementaire chargée d'élaborer une nouvelle Constitution, ce serment ne fait plus mention des «principes et les réformes d'Atatürk» et de la «laïcité» comme c'était le cas jusqu'à présent. Le texte du parti du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, n'a toutefois que peu de chances d'être adopté car il doit faire l'objet d'un consensus de la part des quatre partis qui composent cette commission. Lancés cette année, les travaux de rédaction d'une nouvelle Loi fondamentale destinée à remplacer celle de 1982, adoptée deux ans après le coup d'Etat militaire de 1980, sont paralysés par les nombreuses divergences qui séparent l'AKP de son opposition, notamment sur les éventuels droits à accorder à la minorité kurde et sur la forme du futur régime. Depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP en 2002, l'opposition accuse régulièrement le gouvernement, aujourd'hui dirigé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, de vouloir «islamiser» la Turquie, des critiques qu'il rejette systématiquement.