Tout a été dit sur le 17e sommet arabe ordinaire qui s'est ouvert hier à Khartoum, avec un ordre du jour qui ressemble presque en tous points à ceux d'il y a quelques années, sauf les questions du Darfour et de l'Irak qui ont été ajoutées. Autrement rien de nouveau avec ce qu'on a forcément tendance à qualifier de questions traditionnelles, comme le proche-orient avec ses volets palestinien et arabe. Ce qui ne devrait, en aucun cas, justifier l'absence de nombreux chefs d'Etat. Huit rois et présidents des 22 dirigeants arabes n'étaient pas présents à la séance d'ouverture. * $usfx aaaLes absents sont toutefois représentés soit par leur Premier ministre, soit par leur ministre des Affaires étrangères. Sont absents du sommet le roi Abdallah d'Arabie saoudite, le président égyptien Hosni Moubarak, le roi de Bahreïn Hamad Ben Issa al Khalifa, le président des Emirats arabes unis (EAU) Khalifa ben Zayed al Nahyane, le roi du Maroc Mohammed VI, le sultan Qabous d'Oman et les présidents irakien, Jalal Talabani, et tunisien Zine el Abidine Ben Ali. L'autre image de ce sommet est donnée par la délégation libanaise ou plutôt deux, puisque les dirigeants de ce pays ont déplacé avec eux leurs problèmes spécifiques. En effet, le Premier ministre libanais Fouad Siniora, qui n'a pas l'habitude d'accompagner son chef d'Etat dans ses déplacements, n'a pas siégé au sein de la délégation libanaise conduite par le président Emile Lahoud, contesté par la majorité parlementaire qui se qualifie elle-même de souverainiste. Quant à l'Algérie, elle demeure fidèle à ses engagements pour n'avoir jamais raté la moindre rencontre arabe à un tel niveau. Président sortant de la Ligue arabe, le chef de l'Etat algérien Abdel Aziz Bouteflika a présidé la délégation algérienne. C'est en cette qualité qu'il a présidé l'ouverture des travaux, en présence de représentants du secrétaire général de l'onu, Kofi Annan, du président de l'Union africaine, de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), de l'Union européenne, et du Premier ministre Recep Tayyib Erdogan. M. Bouteflika a prôné des réformes de la Ligue « de manière à préserver l'indépendance de la décision collective », « plus de concertation dans les affaires d'intérêt national », et « la mise sur pied rapide d'un marché arabe commun ». Il a mis en garde contre le fait que de nombreux pays arabes ont été transformés en terrain de confrontation pour les éléments extrémistes. M. Bouteflika a affirmé que « l'établissement d'une paix juste et globale est une option stratégique » des membres de la Ligue arabe et a appelé à soutenir les peuple palestinien « contre toutes les tentatives de dénaturation de sa lutte pour un Etat indépendant ». Il a aussi rappelé la résolution arabe de Beyrouth en 2002, stipulant la reconnaissance et la normalisation des relations des pays arabes avec Israël contre la restitution par ce dernier des territoire occupés après la guerre de 1967. En ce qui concerne les pressions exercées sur les Palestiniens, il a souligné que « du haut de cette tribune, nous considérons cette position comme une atteinte manifeste au droit palestinien, qui vient s'ajouter à la liste, ô combien longue, des violations et autres dépassements que ce vaillant peuple combattant, n'a de cesse de subir, violations qui rendent encore plus dures ses épreuves ». M. Bouteflika a observé que celle-ci s'inscrit « en porte-à-faux par rapport aux orientations et autres appels pour la consécration de la pratique démocratique et des libertés collectives ». Dans ce contexte, le Président a relevé enfin que les parties qui « tentent d'influer sur la décision palestinienne au service de leurs intérêts, feignent d'ignorer cette conjoncture difficile à la faveur de laquelle Israël poursuit sa politique répressive à l'encontre du peuple palestinien sans défense et s'emploie à étendre ses colonies en poursuivant la construction du mur de séparation ». M. Bouteflika a par ailleurs plaidé pour l'élimination des armes de destruction massive, et notamment de l'arme nucléaire, du Proche-Orient. Concernant l'Irak, il a soutenu l'initiative de la Ligue arabe de réunir une conférence de réconciliation nationale irakienne « avec la participation de toutes les parties sans exclusion ». Le président Bouteflika a, en outre, appelé « instamment » les forces de la coalition internationale qui ont pris « la responsabilité » d'entrer en Irak, sous prétexte d'améliorer sa situation politique et sociale, à honorer les engagements qu'elles avaient annoncés devant la communauté internationale et le peuple irakien. En termes de décision, ce sommet devrait réitérer le refus arabe du fait accompli israélien. Il doit aussi annoncer, selon le projet de communiqué final, que l'envoi de troupes internationales au Darfour (ouest du Soudan, déchiré depuis 2003 par une guerre civile sanglante) doit obtenir l'aval de Khartoum. Le Soudan a rejeté jusqu'à présent le transfert à l'Onu des forces africaines de maintien de la paix au Darfour. En ce qui concerne le prochain sommet, il aura lieu dans une année en Arabie Saoudite.