A Témouchent, à l'occasion de la journée mondiale du théâtre, la débutante Assoul Nesrine n'a pas démérité dans Fatma, une troisième reprise du monologue de M'hamed Benguettaf, cette fois montée par le TNA. C'est Sonia qui, la première, l'a étrenné sous la direction de Ziani Cherif Ayad puis ce fut, en France, Salima Khelloufi dans une mise en scène de Didier Moine et Fadéla Hachemaoui dirigée par Abdou Elaïdi. Pour cette nouvelle version, c'est Sonia qui est à la mise en scène. A plus de dix ans d'intervalle, le texte est demeuré presque le même. Il y est question de Fatma, une plus du tout jeune femme qui vit de ménages qu'elle assure dans des administrations. Ce jour, elle est plutôt occupée à laver son linge sale, tant au sens propre de l'expression qu'à son sens figuré. Aujourd'hui, elle dispose, à son tour, à elle seule, à l'instar des voisines, de la terrasse de l'immeuble. Et comme par hasard, ce jour coïncide avec celui de l'indépendance, une indépendance qui n'a pas empêché Fatma de devenir une fatma, ce que semble suggérer Benguettaf à travers le nom de son personnage. La terrasse est une tribune pour le personnage. Il y a pris l'habitude de raconter son monde et de se raconter comme par nécessité thérapeutique. Fatma en devient presque une pipelette lorsqu'elle évoque la drôlerie du quotidien comme des voisines et voisins, ainsi que celle des gens qu'elle croise sur ses lieux de travail. La pièce est alors fâcheusement discoureuse en ses deux premiers tableaux, Nesrine n'aidant pas le personnage dans son caquetage pour avoir adopté un seul registre vocal. Le spectacle n'arrive à faire oublier son bavardage qu'au moment où le personnage en vient aux confessions douloureuses. Le public féminin, venu en nombre, s'y retrouve alors de plus en plus et applaudit. A la fin de la représentation, le contrat est honorablement rempli même s'il reste à Nesrine à se démarquer des manières et des attitudes qu'on connaît à Sonia l'actrice dans le personnage. Aussi, est-il impératif pour Nesrine de se convaincre qu'elle n'est plus étudiante de l'INAD, obligée de suivre son mentor jusqu'au mimétisme. Elle devrait plutôt puiser en elle-même et l'inspiration et les ressources pour donner épaisseur à son personnage. Sa fougue et sa prestation laissent présager qu'elle en a les moyens. Après tout, elle n'est qu'à sa troisième distribution, ce qui ajoute à son mérite de s'être coltinée à porter seule toute une pièce.