La guerre des banlieues s'est à peine estompée qu'une forte agitation syndicale et estudiantine paralyse la France, sur le mot d'ordre de suppression du contrat première embauche, jugé porteur d'exclusion et de précarité. La droite au pouvoir a été ébranlée par ces deux crises majeures du début 2006 dont le dénominateur commun est sans nul doute la colère de la jeunesse. De quelque origine ethnique ou sociale qu'elle soit, celle-ci se sent mal et sans perspectives dans l'Hexagone, champion de l'ultralibéralisme et totalement intégré dans la mondialisation. Inévitablement, c'est l'emploi qui a pris le coup le plus sévère, les premiers pénalisés étant les femmes et les moins de trente ans, tout particulièrement les jeunes issus de l'immigration. La sélection est partout, impitoyable, sur fond d'opulence d'une autre France, d'une minorité qui cumule biens et privilèges mal acceptés. Forcément, les banlieues ont fini par devenir des foyers de désespoir et de violence et les rues des lieux de colère et de contestation. Le gouvernement actuel n'a pu endiguer ce mal par la mise sur pied d'une économie performante. Le taux de croissance est désespérément bas alors même que le pays est leader en Europe en matière d'investissements venus de l'extérieur. Ce hiatus, pour l'opposition et les syndicats, réside dans la mauvaise gouvernance. Aussi appellent-ils à une autre manière de diriger la France qui, fondamentalement, réduise les fractures sociales et assure une meilleure redistribution des richesses. Pour ceux qui ne se font pas d'illusion sur la volonté et la capacité du gouvernement à changer de cap, la solution ne viendra que d'un changement de régime, en d'autres termes des élections présidentielle et législatives de 2007. La paralysie politique de la France d'aujourd'hui est caricaturée par la personne du président Chirac, jugé inopérant, peu imaginatif, bref, en fin de règne. N'a-t-il pas refusé de retirer le contrat première embauche qui aurait, peut-être, permis de désamorcer la crise actuelle ? Il semble bien qu'avec l'enjeu électoral, l'Hexagone entre dans une ère de grande instabilité politique et sociale : exacerbation des passions partisanes, surenchères syndicales, désarroi du gouvernement pouvant se transformer en va-tout. Dans l'impitoyable guerre préélectorale, la jeunesse française, celle qui ne voit pas le bout du tunnel, risque, une nouvelle fois, d'être sacrifiée.