Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, souhaite parvenir à la supression des visas entre les deux pays. Entre Alger et Ankara tout va pour le mieux, notamment dans le domaine économique avec des échanges commerciaux qui s'élèvent à près de quatre milliards de dollars, pendant que l'investissement turc en Algérie est de l'ordre d'un milliard de dollars, fruit des 160 sociétés turques activant chez nous. Une coopération qu'arboraient «fièrement» les chefs de la diplomatie des deux pays, Mourad Medelci et Ahmet Davutoglu, hier, lors d'une conférence de presse conjointe au ministère des Affaires étrangères, à Alger. «Si nous sommes satisfaits des évolutions positives des relations entre nos deux pays, notamment dans le domaine économique, il est nécessaire de les élargir à d'autres domaines comme la lutte antiterroriste et la coopération militaire», a souhaité M. Medelci. Le chef de la diplomatie algérienne a évoqué, par ailleurs, un certain nombre de blocages auxquels «font face les investisseurs turcs en Algérie, les difficultés bancaires et l'épineux problème des visas, qu'il faudra surmonter». Pour ce faire, «un groupe de travail sera mis en place pour se pencher sur tous ces problèmes afin de faciliter la circulation, notamment dans le domaine aérien et maritime», a indiqué M. Medelci. Son homologue turc, lui, espère porter les échanges économiques entre les deux pays à 10 milliards de dollars dans les prochaines années. «L'élargissement de la coopération aux domaines des transports maritime et aérien devrait permettre d'augmenter dans un proche avenir le volume des échanges commerciaux à 10 milliards de dollars contre 4 milliards actuellement», a-t-il déclaré, en exprimant le vœu de voir son pays «investir dans le domaine des infrastructures économiques et commerciales». Rappelant que le produit intérieur brut de son pays a triplé, M. Davutoglu a estimé que «le développement économique implique une demande croissante en matière d'énergie d'où la nécessité d'une coopération accrue avec l'Algérie». Le chef de la diplomatie turque, qui dit «soutenir le processus de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC», souhaite que les deux pays parviennent à «supprimer les visas». Divergences sur la crise syrienne Sur le dossier syrien dans lequel le gouvernement turc est fortement impliqué, Alger et Ankara divergent profondément sur la sortie de crise de la Syrie, en proie à un mouvement insurrectionnel contre le régime de Bachar Al Assad. Sans trop s'attarder sur le sujet, M. Medelci s'est contenté de dire que l'Algérie «fait confiance à la mission de l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi», réaffirmant le principe d'«une solution politique tout en respectant les droits légitimes du peuple syrien». M. Davutoglu, lui, a été ferme : «Nous avons donné des conseils à Bachar Al Assad pour qu'il ne fasse pas usage de la violence, nous avons pris plusieurs initiatives, mais malheureusement Al Assad n'a pas écouté. Il recourt à la violence et bombarde son peuple. Maintenant, il est extrêmement difficile de solliciter un régime qui bombarde son peuple.» «Il est temps que la communauté internationale intervienne pour mettre un terme à cette oppression dont est victime le peuple syrien», a-t-il préconisé. La Turquie, dont le soutien à l'opposition syrienne est assumé, conditionne la sortie de crise par le départ du régime de Bachar Al Assad. Ce n'est pas la position algérienne.