Un groupe de travail et de réflexion sur la lutte contre la cybercriminalité a été installé, hier, au siège du ministère de la Justice. Composé de représentants de la police, de la gendarmerie et des ministères de l'Intérieur, de la Communication, de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication ainsi que de la Justice, ce groupe pluridisciplinaire, dirigé par M. Lakhdari, directeur des affaires pénales au niveau du ministère de la Justice, est chargé de mettre en place des mécanismes et procédures permettant la mise en application des nouvelles dispositions du code pénal en matière de cybercriminalité. « Le travail de ce groupe de spécialistes consiste à réfléchir sur des mécanismes ou des procédés de protection des données informatiques privées ou institutionnelles contre les intrusions et les destructions, mais également pour lutter contre la cybercriminalité. Il est question de sortir avec des projets de textes, de décrets ou de lois à même de prévenir et de réprimer la criminalité via internet, même si pour l'instant cette forme de criminalité n'est pas aussi répandue chez nous », a déclaré M. Dib, secrétaire général du ministère de la Justice. Pour lui, cette réglementation est « plus que nécessaire eu égard au recours progressif à l'utilisation des cartes de paiement interbancaires, de la signature électronique et dans les prochaines années à l'utilisation du porte-monnaie électronique, sans oublier bien sûr l'engagement de l'Algérie sur le plan international à combattre toutes les formes de cybercriminalité... » En fait, l'Algérie a déjà eu à affronter cette nouvelle forme de criminalité, notamment dans le domaine de la lutte antiterroriste, puisque de nombreux groupes chargés de la propagande terroriste via internet ont été démantelés par les services de sécurité. De même que la justice a été appelée à instruire (toujours en cours) une plainte contre X déposée par la Direction générale des douanes, pour intrusion dans le système informatique du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS), dans le but de détruire des données relatives à des dossiers de dédouanement. Cette plainte avait été précédée d'une expertise, qui avait, rappelons-le, fait état d'une intrusion dans le système informatique, poussant les responsables à rendre plus hermétique leur réseau. Autre institution victime des cybernautes, la présidence de la République, dont le fichier informatique a été endommagé. Aucune poursuite n'a été engagée par cette institution qui, comme réaction, a revu complètement son système de sécurité informatique. Si les nouvelles dispositions du code pénal, promulguées en 2004, ont prévu certains crimes, les textes d'application n'ont pas été promulgués pour permettre une lutte efficace contre le phénomène. En attendant, les cybercriminels continuent à sévir. Interrogé sur le cas Benyamina, Algérien recherché en France pour son implication dans les attentats de 1995 et détenu en Algérie, et dont l'avocat a annoncé son extradition vers la France pour y être jugé, M. Dib a déclare n'être pas au courant de cette affaire. M. Dib a évité de répondre aux questions des journalistes, notamment celle relative à la présence, au même moment (hier après-midi), d'une délégation de Britanniques au siège même du ministère pour une séance de travail qui a duré toute l'après-midi. « Vous êtes là pour le comité de réflexion sur la cybercriminalité, alors ne sortons pas du sujet... », a conclu M. Dib.