Enfin une reconnaissance pour l'Etat palestinien en tant qu'Etat observateur de l'Organisation des Nations unies en ce jeudi 29 novembre 2012. Ghaza (Palestine) De notre correspondant Le 29 novembre 2012 restera gravé à jamais dans la mémoire des Palestiniens. Ce jour-là, la Palestine est devenue un Etat observateur non membre de l'Organisation des Nations unies.Après une dure bataille diplomatique, menée avec courage et détermination par la direction palestinienne, à sa tête le président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté par 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions le projet de résolution accordant le statut d'Etat observateur non membre à la Palestine. Quelques minutes avant le vote décisif, dans un discours qualifié de très fort par les observateurs et d'hostile et venimeux par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, le président Mahmoud Abbas avait exhorté les membres de l'Assemblée générale de l'ONU à donner un certificat de naissance à l'Etat palestinien. Abou Mazen a évoqué la résolution 181, adoptée par la même Assemblée générale, 65 ans auparavant, un certain 29 novembre 1947, devenue le certificat de naissance de l'Etat d'Israël. En votant massivement en faveur de l'adhésion de la Palestine à l'ONU, l'Assemblée générale de cet organisme mondial a répondu aux attentes du leader palestinien qui, sans utiliser de grands slogans, a été convaincant et captivant. Le peuple palestinien, juste sorti d'une rude épreuve que fut la récente agression israélienne sanglante sur la bande de Ghaza, citée aussi dans le discours du président, a suivi avec intérêt et beaucoup d'émotion la performance de son leader à la tribune des Nations unies, à travers les chaînes de télévision satellitaires, des écrans géants au cours de rassemblements populaires, comme à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où se trouve le siège de la présidence, dans les cafés, en famille, ou rassemblés dans un même endroit entre amis et voisins. La Palestine, le centre d'intérêt mondial Dès la fin du vote et la proclamation officielle de la Palestine comme Etat observateur non membre de l'ONU, les citoyens palestiniens sont descendus en masse dans les rues des villes, des localités et des camps de réfugies manifester leur joie, en ce qu'ils ont qualifié de grande victoire politique de la diplomatie palestinienne. Ghaza, Ramallah, El Khalil, Naplouse, Toulkarem, Khan Younès, Beït Lehem, Rafah et toutes les villes de la Palestine occupée, désormais nouvelle appellation des territoires palestiniens occupés, ont fêté chacune à sa manière cet événement qui remet la cause palestinienne au centre de l'intérêt mondial. Au quartier El Nasr à Ghaza et partout ailleurs dans la ville, des youyous fusaient des maisons, alors que des rafales de coups de feu étaient tirées en l'air et des feux d'artifice éclairaient le ciel obscur. Au centre-ville de Ghaza, malgré le froid et l'heure tardive, des milliers de citoyens sont sortis exprimer leur joie. Les jeunes et les moins jeunes, portant des Keffiehs autour de leur cou et des drapeaux palestiniens hissés vers le ciel aux mains, lançaient des slogans de soutien au président Abbas : «Abou Mazen, marche, marche, nous sommes avec toi jusqu'à l'indépendance !» D'autres appelaient à l'union pour «la fin de la division» et à «l'union nationale». La nuit du 29 novembre, les Palestiniens semblaient reprendre confiance en eux et en leurs dirigeants. L'homme qu'on traitait de faible, il y a si peu de temps, et même de collaborateur à la solde des Etats-Unis et d'Israël, a prouvé au monde entier sa bravoure et son amour pour son peuple meurtri. En cette nuit froide de novembre, il était difficile aux Palestiniens de s'empêcher d'admirer la force tranquille et paisible du président palestinien Mahmoud Abbas. De leur côté, toutes les factions palestiniennes, y compris le mouvement Hamas et le djihad islamique, ont salué cette réussite politique. Les états-Unis et Israël isolés La grande majorité obtenue par les Palestiniens au sein de l'Assemblée générale de l'ONU a montré à quel point Israël et son principal allié, les Etats-Unis, étaient isolés sur la scène internationale. Les efforts qu'ils ont fournis durant des mois pour convaincre au moins leurs plus proches amis et alliés de voter contre l'adhésion de la Palestine à l'ONU ont été vains. De grands pays européens comme la France, l'Espagne, l'Autriche et la Suède pour ne citer que ceux-là ont dit oui. L'Allemagne qui subit un véritable chantage moral de la part d'Israël, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, laissant entendre jusqu'à la dernière minute que son vote sera non, s'est contentée de l'abstention. Le Premier ministre israélien a voulu minimiser la portée de l'événement, en affirmant que la décision de l'ONU ne changera rien sur le terrain.L'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, dont le pays a voté non à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, a dit : «Ce vote d'aujourd'hui ne constitue en aucun cas un droit à devenir un membre des Nations unies.». Hier, la presse israélienne était unanime quant à la victoire de la Palestine aux Nations unies et la grande défaite d'Israël. Comme premières représailles, le cabinet israélien a annoncé, hier, la construction de 3000 nouveaux logements dans les colonies israéliennes bâties dans la ville sainte d'El Qods, reconnue, jeudi, comme faisant partie de la Palestine occupée (1967). En poursuivant sa politique de colonisation, Israël veut prouver à la communauté internationale que rien n'a changé et qu'il reste au-dessus des lois. On attend tous sa réaction qui devrait, cette fois, être plus sérieuse, car sa crédibilité est mise en jeu.