Les revendeurs justifient la hausse des prix par les coûts du transport. Ne pouvant espérer bénéficier, dans l'immédiat, d'un logement social, de nombreux habitants de Ain El Hammam optent pour des constructions individuelles. Cependant, ce n'est guère chose aisée. Construire sa propre maison devient de plus en plus problématique, particulièrement en zone rurale où tous les matériaux doivent être acheminés à partir d'autres régions. En plus de l'indisponibilité du terrain, les auto constructeurs doivent faire face aux prix prohibitifs des matériaux de construction gonflés par le prix du transport. Le ciment et l'acier dont les prix ne cessent de grimper ne sont plus les seuls matériaux de construction qui tiennent le haut du pavé. En effet, longtemps mis en marge des hausses des prix, les produits rouges viennent eux aussi de connaître des hausses démesurées et apporter leur lot de complications.Ainsi, de seize dinars seulement, la brique est montée à vingt trois, voire vingt quatre dinars pour le premier choix, en quelques mois seulement. Cette augmentation de plus de quarante pour cent est venue contrecarrer les desseins des éventuels bénéficiaires de l'aide de l'Etat à l'habitat rural. La faitière fabriquée dans une briqueterie sise à Boudouaou et réputée de bonne qualité, est rarement disponible chez les distributeurs qui accusent l'usine de ne pas les approvisionner en quantité voulue. «Elle est vendue concomitamment avec la tuile», nous rapporte un revendeur qui rappelle à l'occasion que le prix de la tuile oscille, suivant son origine, entre 55 et 80 dinars l'unité. Le petit constructeur n'ose pas penser au produit d'importation qui atteint des prix astronomiques (130 DA dinars la tuile). Quant au prix du ciment, en baisse ces derniers jours, il est encore loin de la limite admise. A 1150 dinars le quintal, il demeure très loin des bourses moyennes qui doivent payer le sable lavé de rivière à 24000 dinars sans compter le bois de charpente dont le prix du madrier ne descend pas de 480 DA le mètre linéaire. De quoi décourager les plus aisés…. Sans l'aide conséquente de l'Etat pour la construction de logements ou tout autre formule, les familles démunies sont condamnées à continuer à s'entasser à plusieurs dans des habitations insalubres et parfois menaçant ruine. Même les 700000 dinars d'aide de l'Etat à l'habitat rural n'encouragent plus les citoyens à tenter l'aventure de la construction dans une région montagneuse où le seul terrassement de l'assiette et les murs de soutènement reviennent à près de cent millions de centimes. A noter aussi qu'il est exigé des bénéficiaires de l'habitat rural, un toit en tuiles, crépir et peindre l'extérieur de leur maison, avant la libération de la troisième tranche de l'aide que l'Etat leur a allouée. Des conditions que les concernés trouvent très dures. «Même si je dois économiser la moitié de ma paie, je ne pourrais pas faire face aux honoraires du maçon», estime un fonctionnaire. En attendant la réalisation des logements sociaux, lancés à Ath Bouyoucef, les mal logés ne peuvent que prendre leur mal en patience et espérer être parmi les heureux bénéficiaires.