Un peu plus d'une année nous sépare de l'élection présidentielle de 2014. En situation politique normale, l'on serait déjà en plein débat autour des programmes et des projets mis en évidence par des candidats. Mais le jeu politique étant fermé depuis une décennie, il semble ne pas y avoir de place à la confrontation saine et apaisée des idées. On en est à se demander si le président Abdelaziz Bouteflika serait candidat à sa propre succession. Bien qu'il ait laissé entendre dans son discours prononcé à Sétif avant les élections législatives du 10 mai dernier que sa génération a atteint ses limites – «tab djnenna», disait-il –, des voix s'élèvent ces derniers jours pour lui demander de rempiler pour un quatrième mandat. La semaine écoulée, c'est un farfelu député de Annaba, visiblement bien nanti pour s'être payé la page 3, l'espace noble et la vitrine d'un journal, du quotidien El Khabar, qui monte au créneau, en parlant même au nom du groupe parlementaire du FLN, pour implorer le chef de l'Etat de présenter sa candidature en 2014. La sortie de ce milliardaire qui n'a pas lésiné sur les moyens, en y mettant le prix, n'est certainement pas innocente. S'agit-il d'une campagne inspirée ou juste une démarche intéressée d'un affairiste en mal d'affaires ? Si cet appel du pied pour un quatrième mandat à Abdelaziz Bouteflika apparaît anodin du fait que son auteur soit sans consistance ni envergure, il pourrait cependant ouvrir le bal des implorations, comme cela a été le cas lors des précédents mandats du Président en exercice. C'est déjà le cas, puisque quelques jours après, c'est Amara Benyounès dont le parti, le Mouvement populaire algérien (MPA), a réalisé de surprenants résultats qui fait le plaidoyer d'un quatrième mandat. Avant lui, c'était le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, qui pour des raisons qu'il n'a pas encore expliquées a parlé de son souhait de voir le président Bouteflika renouveler son mandat. A Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), il manquerait juste de franchir le pas, elle qui exempte le chef de l'Etat de tous les problèmes que vit le pays : l'échec économique, ce n'est pas lui, la fraude, c'est le fait «de cercles occultes» qui ne lui veulent que du mal ! Il était attendu, en effet, qu'après les élections locales de jeudi dernier qu'on rentre, peu importe la manière, en plein dans l'élection présidentielle de 2014. Et il est visible que des groupes, des parties et des cercles politiques qui tirent profit de la situation politique actuelle s'agitent pour maintenir leurs positions en souhaitant ardemment une énième candidature du chef de l'Etat. La question qui se pose, à présent, serait : est-ce que Abdelaziz Bouteflika lui-même a l'intention de briguer un quatrième mandat ? Si l'on s'en tient au strict sens de sa déclaration faite à Sétif, le président de la République compterait bien passer le témoin après quinze ans de règne. Sauf s'il s'agissait bien d'une manœuvre qu'il fallait situer dans son contexte ; c'est-à-dire un discours de circonstance répondant à la crainte d'un fort taux d'abstentions lors des législatives de mai dernier. Pour certains observateurs, en toute logique, pour des considérations liées à son âge et surtout l'endurance qu'exigerait la fonction présidentielle, le chef de l'Etat devrait prendre sa retraite politique, mais pour d'autres, Abdelaziz Bouteflika pourrait éventuellement rempiler pour des raisons bien évidentes : perpétuer le règne de sa famille politique. A défaut, explique-t-on encore, il tenterait de peser de tout son poids dans le choix de son successeur. C'est à cela que se résument, pour le moment, les discussions sur la prochaine élection présidentielle. La révision constitutionnelle inscrite dans l'agenda présidentiel donnerait plus d'éclairage aux intentions des uns et des autres.