A six jours de la date fatidique du 13 décembre, les «sages» ne cessent de faire des tractations en vue de calmer les esprits et rapprocher les points de vue entre l'UGTT et Ennahda. «Le moment n'est pas encore opportun», a répondu hier Ahmed Ben Salah, ex-secrétaire général du syndicat et ex-ministre de Bourguiba, à sa sortie de la réunion du bureau exécutif de l'UGTT. Ben Salah faisait allusion à une éventuelle rencontre au sommet entre le secrétaire général de la centrale syndicale, Hassine Abbassi, et le leader d'Ennahda, Rached Ghannouchi, afin de désamorcer la crise et examiner les moyens d'éviter la grève générale annoncée par l'UGTT pour le 13 décembre. Les propos de Ben Salah traduisaient sa conviction que les esprits ne se sont pas encore calmés, condition préalable à toute recherche de compromis. La direction de la centrale syndicale se sentant encore blessée suite aux incidents du 4 décembre. L'UGTT n'a pas encore digéré le fait que «l'on attaque ses locaux, d'une manière organisée, le jour même de la signature de l'accord sur les augmentations salariales et, surtout, le jour de la commémoration du 60e anniversaire de l'assassinat de Hached, censée être fêtée par toute la Tunisie. Farhat Hached est un symbole national», remarque Mahmoud Achour, syndicaliste du secteur des banques et membre de l'Union régionale de Tunis. Compromis possible «Le 13, c'est encore loin», selon Béji Caïed Essebsi. Pour l'ex-Premier ministre et président du parti, Nidâ Tounès, la situation est certes tendue, mais l'espoir est encore permis pour parvenir à un compromis afin d'éviter une escalade qui n'est pas dans l'intérêt de la transition démocratique en Tunisie. Les deux vieux briscards, que sont Béji Caïed Essebsi et Ahmed Ben Salah, expriment l'espoir de parvenir à un compromis malgré le fait que Hassine Abbassi ait nié, avant-hier, sur les plateaux de la chaîne nationale, «avoir rencontré Ahmed Ben Salah ou Ahmed Mestiri, ni avoir programmé une rencontre avec Rached Ghannouchi». (Au fait, Ahmed Ben Salah était hier l'invité de la réunion du bureau exécutif). Concernant la rencontre avec Ghannouchi, Hassine Abbassi a dit : «Pourquoi rencontrerais-je Rached Ghannouchi ? Et pourquoi aurais-je besoin d'intermédiaires pour cela ? Si je dois discuter de la situation du pays avec un interlocuteur, c'est bien avec le gouvernement, à moins qu'il y ait un mélange entre les deux», a-t-il rétorqué. M. Abassi a de nouveau condamné les propos du leader d'Ennahda, Rached Ghannouchi, qui avait demandé la fouille des locaux de l'UGTT en pensant y trouver des armes. «Quelle est sa qualité pour demander cela ? Qu'il aille réclamer au gouvernement ou à la justice de le faire !», a-t-il demandé. A souligner que Hassine Abbassi avait rencontré la veille le président Marzouki et déclaré suite à cette rencontre «n'avoir aucune intention de revenir sur cette décision de grève générale pour le jeudi 13 décembre». Pour Abbassi, «la crise actuelle est provoquée par des parties qui cherchent à imposer leurs idées et orientations à l'UGTT par la force», a-t-il déploré. Malgré toutes ces déclarations, les observateurs pensent qu'une solution reste encore possible. «Encore faut-il que le parti Ennahdha fasse des concessions. Mais est-il vraiment conscient de devoir le faire», remarque le politologue Slaheddine Jourchi.