«Tout homme dévoué à son pays doit payer à sa patrie son tribut de patriotisme : en lui disant tout ce qu'il croit, en sa conscience, être la vérité.» (Sully) Notre moral d'acier inaltéré par l'histoire coloniale, Histoire d'un parjure1 commis par l'Etat colonial, repos contraint à plaider le repos éternel des peuples trompés et requérir contre les Etats malfaiteurs leur rédemption, si l'avenir est à bâtir sur la quête de confiance des peuples jadis broyés par la machine du mensonge. Royal puis républicain! Il n'est meilleur témoin de ce parjure historique que les écrits «confessions» de leurs auteurs officiers et officiers supérieurs de l'expédition coloniale qui ont retracé, pour l'éternité, dans leurs journaux de campagne, leur projet d'anéantissement et d'extermination du vaillant peuple algérien trompé par les buts affichés par la propagande coloniale d'avant-1830 et après les traités conclus notamment avec Hussein et Abdelkader. Ces mensonges ont trompé aussi le peuple français qui - et les Algériens l'ignorent - n'était pas favorable à la colonisation. Bien plus, dans les arcanes du pouvoir colonial certains représentants du peuple français dénonçaient les monstruosités commises par l'armée infamante d'Afrique française. La presse de l'époque était bâillonnée et réprimée par la République des colons algéristes qui ne tolérait pas des penchants de mansuétude pour les droits des peuples inoffensifs soumis à l'artillerie, aux enfumages et à la mort gratuite. Dont le seul crime est d'être né sur une terre convoitée ! La mémoire que les Algériens défendent n'est pas une histoire macabre de chiffres des martyrs tombés au champ d'honneur douar après douar, tribut après tribut, ville après ville de 1'Algérie éternelle. Non! Nous savons que le peuple algérien composé de dix à douze millions d'âmes à l'arrivée des Français en 1830 ne constituait 40 années après que deux à trois millions de soumis éparpillés aux quatre coins du pays aride et sauvage là où il fut contraint de se réfugier pour se régénérer. Il a été chassé de ses meilleures terres de vergers et orangers, de ses oliveraies, de ses terres d'élevage et de subsistance en blé et orge. Ses écoles et sa culture ont été détruites sur le modèle du peuple peau rouge des Amériques. Ou sur le modèle des conquistadors espagnoles ! La mémoire que les Algériens défendront toujours est le souvenir des mensonges des hommes blancs de la politique et de la religion d'une République menteuse, criminelle et voleuse des richesses d'autrui. Une République révolutionnaire et maçonnique qui prétendait répandre la civilisation à plus civilisé qu'elle, à plus studieux et industrieux qu'elle et ce sont les témoignages de ses militaires embourbés en Algérie détaillés dans l'ouvrage de Michel Habart. Certains répugnaient à combattre sans gloire un peuple inoffensif jusqu'au tréfonds de l'âme. Que pouvait le bâton du berger face à l'épée du soldat conquérant précédé d'artillerie ? Pour ces Français trompés, nous demandons aussi le pardon et le repos de l'âme. De leur Etat, nous demanderons toujours la rédemption pour toutes les fautes morales et criminelles qu'il a commises loin de ses domaines et territoires au nom de l'arbitraire et de l'avidité de son royaume ingrat et de sa République malade de sa propre histoire. N'a-t-elle pas sacrifié 170 000 Vendéens en France même ? Les Etats comme les hommes fautent et se repentent pour sauver la seule valeur impérissable: la vérité rien que la vérité, toute la vérité. Demandons à la France de raconter non pas l'histoire du vainqueur en 1830 vaincu en 1962 mais les soubresauts de sa politique intérieure qui l'ont poussée au-delà de la mare nostrum là commettre des crimes de politique et de religion absolument contraires aux valeurs du peuple français qui ne pouvait dans le temps les arrêter ou les punir compte tenu de sa situation de pauvre, malade, inculte et terrorisé par ses révolutionnaires. Dans l'histoire, ta colonisation est et demeure un crime qu'aucune plaidoirie ne peut absoudre voire défendre. Ni le peuple français ni le peuple algérien ne sont en aucun cas responsables de ces destinées imposées par l'épée et le bâillon. Seuls les Etats sont à racheter pour leurs fautes, le nôtre comme le vôtre, pour lesquels la volonté populaire n'a pas été toujours fidèlement représentée. C'est le verdict de notre histoire sans bras d'honneur ni petit doigt en retour. Notes : 1 Histoire d'un parjure, Michel Habart, Editions de Minuit, 1960, ouvrage tiré à vingt exemplaires numérotés de 1 à 120 ainsi que sept exemplaires hors commerce numérotés de H.-C. 1 à H.C-.VII disponible en POF à la demande (version électronique) :[email protected]