Ce vendredi tôt le matin, un jeune homme de 23 ans a été découvert mort dans le jardin public du 13 Mai, un des quartiers de Oued Eddeheb qui est l'une des plus importantes cités de la commune de Annaba. Un de ses camarades, vexé de se voir refuser une feuille de papier tabac nécessaire à la confection d'un joint au cannabis, a réagi en lui plantant son couteau à cran d'arrêt dans la région du cœur. Transformée en base arrière du banditisme et en lieu de refuge des délinquants et des repris de justice, cette cité surpeuplée, qui compte quelque 10 000 habitants, est en passe de reprendre son titre des années 1970. A l'époque, quotidiennement, étaient commis des crimes, des agressions, des rackets, des vols, la prostitution et le trafic de drogue. Le crime de ce vendredi, dont tout Annaba parle, n'est qu'un parmi tant d'autres commis dans cette cité fief des fedayins durant la guerre de Libération. Dans un grand nombre de quartiers, tout est délinquance et illégalité. Tout visiteur de passage risque une atteinte à son intégrité physique et les automobilistes à leurs biens. Ces derniers mois, la situation s'est aggravée avec l'implantation, au vu et su de tout le monde, d'un marché à ciel ouvert animé par une bande d'individus spécialisés dans la commercialisation de la drogue douce et des psychotropes. C'est justement à proximité du jardin public, lieu du crime de ce vendredi, que les dealers quotidiennement approvisionnés par un individu connu ici de tous sous le sobriquet du « Japonais », apparemment membre d'un réseau de trafiquants de drogue, pratiquent leur néfaste commerce de drogue et de psychotrope. « Nous avons, à maintes reprises, alerté les services de police sur ce phénomène. Nos appréhensions n'ont pas été prises en considération. L'assassinat de ce jeune homme peut être suivi d'autres si rien n'est fait pour mettre un terme à cette situation. Un individu aux yeux bridés stationne quotidiennement sous nos balcons pour commercialiser en toute impunité de la drogue et des cachets. Nous l'avons à maintes reprises invité à le faire ailleurs, en vain », a affirmé Abdelaziz M., un père de famille et voisin du jeune homme assassiné. Plaque tournante de la drogue mais aussi de la cigarette de contrebande et du recel des produits de casse, cette même cité a failli, il y a quelques jours, se transformer en un lieu d'émeute. Des individus, en majorité repris de justice et délinquants, avaient tenté de profiter de l'opération d'assainissement du marché Souk Ellil lancée par les services de sécurité pour provoquer des troubles. Habitués à en imposer aux agents de la police de l'urbanisme, ils étaient convaincus qu'ils allaient encore une fois outrepasser la loi sur un territoire qu'ils estimaient avoir conquis depuis des années. L'interpellation immédiate de plusieurs d'entre eux pour atteinte à l'ordre public et opposition aux forces de l'ordre a permis de calmer les esprits. C'est cette rigueur dans l'intervention des policiers qui a contraint des dizaines de leurs acolytes, dont des drogués notoires, à fuir les lieux pour y revenir aussitôt l'opération d'assainissement achevée. Le récent centre d'aide et d'assistance aux handicapés sis à la cité du 13 Mai, quotidiennement fréquenté par des vendeurs de thé, loueurs de motocycles à des adolescents, commerçants ambulants des fruits et légumes, poulets de chair et tables de bourek, forme le point de rendez-vous des fournisseurs en gros de la drogue. « Cela fait des années que je ne mets plus les pieds dans cette cité. Pour avoir osé dire non à un racketteur qui avait tenté de me soutirer de l'argent sous prétexte de garder ma voiture alors que j'étais dedans, j'ai été agressé et failli même me faire étriper. Les agents de la police d'urbanisme constamment présents sur les lieux font de la figuration. Ils n'interviennent que pour interdire aux automobilistes de stationner. Ces dernières années, le citoyen a l'impression qu'à Annaba, il n'est nulle part en sécurité », a indiqué Mostepha B. Plusieurs habitants n'ont pas manqué d'exprimer leurs inquiétudes face à cette insécurité et estiment nécessaire la réalisation d'un commissariat de police dans leur cité.