Mobilisation Préserver l?environnement, c?est l?affaire de tous, mais surtout des comités de quartier. La surface des espaces verts dans la ville de Annaba est en train de rétrécir comme peau de chagrin. Non pas par manque de terrain attribué à cet effet ? plusieurs jardins ont été créés ces dernières années et d?autres seront aménagés dans l?avenir, selon les projets de l?APC ? mais en raison du manque de civisme de certains habitants de la ville, caractérisé par une attitude irresponsable voire criminelle vis-à-vis de la nature, pourtant source d?oxygène et de beauté. Les arbres sont abîmés ou sérieusement détériorés, les pelouses piétinées, les fleurs arrachées, les bosquets détruits. A l?exemple du grand jardin Chabou Nord (32 375 m2) qui date de l?époque coloniale et qui était le véritable poumon de la ville, comportant des arbres géants âgés de plus de 200 ans, certains très rares comme le Ficus retisa et le Ficus macrophylia dont deux exemplaires ombragent l?entrée du cours de la Révolution. Aujourd?hui, ce jardin est un exemple de désolation et de destruction, encore aggravée par la récente tornade qui s?est abattue sur Annaba et qui a littéralement arraché de nombreuses espèces avec leurs racines, et qui gisent encore dans les allées jonchées de détritus et de feuilles mortes. Ce vandalisme a poussé le service chargé de la gestion des espaces verts à fermer au public certains jardins, qui ont été replantés, réaménagés. Les gens ne peuvent admirer le travail remarquable des jardiniers de la commune qu?à travers les grilles résolument closes, qui ne s?ouvrent de temps à autre que pour les personnes âgées qui viennent s?y détendre, avant de se refermer aussitôt. «Si nous les ouvrons au public, déclare Boumediène Mostepha, responsable de ce service, ils seront détruits en une journée.» Et d?ajouter : «Nous n?ouvrirons ces jardins que lorsqu?une «police verte» sera créée spécialement pour protéger les espaces verts de la ville», car les moyens limités de l?APC n?ont permis d?affecter que 19 gardiens de parc pour veiller, dans la journée, sur les 37 hectares d?espaces verts de Annaba, dont 9 jardins fermés (clôturés), 9 jardins ouverts, 10 «triangles» (entre deux voies de circulation), 6 ronds-points aménagés et 3 aires de détente. La nuit, les espaces verts sont abandonnés aux délinquants, aux SDF et aux ivrognes, et deviennent souvent des lieux d?agression de toute sorte. Les espaces verts situés dans les quartiers populeux sont les plus touchés, à l?exemple de celui de la cité FLN (2 339 m2) devenu un souk au tabac, de Bouali-Saïd (3 024 m2), ou encore des points de passage comme celui du Palais de la culture (15 041 m2), ou du rond-point du 5-Juillet transformé en pâturage par les propriétaires de bovins. Ces jardins sont devenus aussi des lieux où certains citoyens sans scrupules se débarrassent de leurs ordures, comme les vendeurs à la sauvette qui y jettent leurs cartons vides et leurs emballages (jardin Boukhtouta, 1 559 m2). Les bouteilles et les sachets jonchent les bassins des jets d?eau. Pourtant, une solution existe pour mettre fin à toute cette pagaille. «Les comités de quartier peuvent jouer un rôle déterminant dans la préservation des espaces verts. Car ce n?est pas une question d?origine sociale, mais de sensibilisation et d?éducation.» L?exemple cité par M. Boumediène est édifiant : à la cité des Frères, considérée comme zone résidentielle, les ménagères s?adonnent au jet de détritus par les fenêtres directement dans le jardin (6 200 m2) entretenu avec soin par les jardiniers qui y ont planté de nombreuses espèces florales. En revanche, le jardin El-Mouqaouama, entouré de plusieurs cités très populeuses, est parfaitement entretenu bien qu?il soit ouvert au public. C?est un exemple unique dans la ville. Ici, c?est le comité de quartier qui s?est chargé de sensibiliser les citoyens, les persuadant qu?ils seraient les premiers à profiter de ce lieu de détente et de beauté. «Donc, avec les actions de communication des comités de quartier et celles, dissuasives, des agents de la «police verte», nos jardins renaîtront à la vie et redeviendront de véritables havres de paix, dans une ville où le béton règne en maître», conclut le responsable des espaces verts de la commune. «L?application de ce projet est prévue pour les mois à venir», a formellement déclaré M. Allag, chef du service de la protection de l?environnement de la wilaya.