Après les travaux du séminaire sur la musique classique algérienne, Sid Ahmed Serri compte réserver une grande surprise, selon ses termes, aux familles mélomanes de la capitale et à celles de la localité de Koléa (Tipaza), lors de la célébration de la fête du Mawlid Ennabaoui. Les noubas et les chants dans l'un des plus célèbres mausolées de la capitale seront au menu de son programme. En raison du manque de temps, il n'a dirigé que deux répétitions. Néanmoins, nous confie-t-il, il compte réunir ses élèves pour la 3e fois avant la générale. Il veut réhabiliter une tradition typiquement « made in Casbah », qui avait existé durant les siècles passés. Si Mohamed Ibn Chahed, un ancien mufti d'Alger, Si Mohamed Lakhal et Si Bakir Messekdji, voilà les noms de certains maîtres, selon Sid Ahmed Serri, qui avaient réussi à animer les veillées du Mawlid Ennabaoui à Alger, en lui imprégnant un cachet particulièrement algérois. Ces hommes sont décédés en emportant les secrets du trésor culturel algérien avec eux. Sid Ahmed Serri, qui avait fait partie des élèves ayant participé à cette célébration à Alger, tente de récupérer ce qui reste « des morceaux » pour les transmettre aux générations futures. Le défi est lancé, tant mieux pour la culture algérienne. Notre interlocuteur espère l'enrichissement de son idée grâce à l'apport des personnes âgées qui vivent encore dans la capitale, ayant assisté aux fêtes du Mawlid Ennabaoui, dans le passé. La mémoire demeure un handicap aujourd'hui pour ces « musiciens et choristes » d'hier. Chez nos voisins marocains, la tradition s'est perpétuée sans aucun problème. « J'avais moi-même accompagné Si Bachir Messekdji chez le ministre des Affaires religieuses afin d'enregistrer tous les textes en compositions musicales des morceaux interprétés à l'occasion de la fête du Mouloud », nous révèle Sid Ahmed Serri. Et de continuer : « Notre ministre semblait totalement indifférent. Si Bachir Messekdji est décédé en 2000. Ce fut le dernier témoin actif. Nous n'avons rien fait pour préserver le patrimoine », conclut-il.