Après une première vague de frappes aériennes, la France se prépare à déployer 2500 soldats sur le terrain au Mali. Questions sur une opération décidée dans l'urgence, mais qui risque de durer. COMMENT S'ORGANISE LE DISPOSITIF TERRESTRE ?
L'objectif de déploiement progressif de 2500 soldats français au Mali annonce une opération de longue durée. La France a aujourd'hui environ 750 soldats sur le terrain, avec le soutien d'une quarantaine de blindés légers venus de Côte d'Ivoire. 2500 soldats, c'est plus que le nombre de militaires français présents jusqu'en 2008 en Afghanistan, avant que la France ne renforce ses effectifs. Deux pôles devraient être rapidement constitués, estime-t-on de source militaire : - Un autour de Bamako, avec des troupes et des blindés, pour assurer la sécurité de l'aéroport, la protection des ressortissants français et de la logistique des armées. - Un second autour de Mopti et de l'aéroport de Sévaré, dans le centre du Mali, tête de pont des forces françaises où les premiers éléments des forces spéciales ont débarqué jeudi pour bloquer l'avancée des islamistes.
QUELLE EST L'EFFICACITé DES FRAPPES AéRIENNES ?
Raids sur Diabali (ouest), dont les groupes armés islamistes en ont pris lundi le contrôle, frappes aériennes sur des postes de stockage et de commandement : les avions français ont entrepris de désorganiser méthodiquement les bases arrières et les communications des islamistes. Le dispositif basé essentiellement à N'Djamena — 4 Rafale, 6 Mirage 2000D, 5 avions ravitailleurs et 2 FI-CR de reconnaissance —, est jugé suffisant pour couvrir la zone, selon l'état-major des armées. Après les raids aériens, les opérations devront se poursuivre sur des cibles plus difficiles à atteindre, notamment avec des hélicoptères de combat, les combattants islamistes ayant commencé à se dissimuler et à se fondre dans la population. «Ils savent très bien qu'ils ont intérêt à s'imbriquer avec la population s'ils veulent éviter les frappes», souligne un officier supérieur.
QUELS RISQUES POUR LES SOLDATS FRANçAIS ?
L'aviation française contrôle l'espace aérien malien. Mais les raids d'hélicoptères sont plus risqués pour les équipages que les frappes d'avions de combat, moins exposés aux tirs ennemis. Le seul militaire français tué depuis le début de l'opération est un pilote d'hélicoptère. Les islamistes disposent de mitrailleuses lourdes et d'armements antiaériens fixés sur des pick-up qui leur confèrent une rapidité de mouvement. Ce sont pour la plupart des combattants aguerris, qui évoluent sur leur terrain.
L'ARMéE FRANçAISE VA-T-ELLE POURSUIVRE SES OPéRATIONS VERS LE NORD DU MALI ? L'armée doit «d'abord assister les forces maliennes dans leur action pour enrayer la progression des groupes terroristes vers le sud, soit par frappes aériennes, soit par l'intervention d'éléments terrestres qui sont en ce moment déployés au sud», a souligné hier le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Mais l'objectif politique n'est pas que les soldats français reprennent eux-mêmes le contrôle du nord du pays. Le but affiché est que des soldats de la force africaine appuient l'armée malienne pour chasser les islamistes. Les premiers éléments africains sont attendus dans les prochains jours au Mali. Ils commenceront à se déployer «d'ici une semaine», selon le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Toutefois, ils ne devraient pas être opérationnels avant plusieurs semaines, sinon plusieurs mois. Les Français devront donc, avec des soldats d'autres pays de la communauté internationale, les aider à se préparer et à sécuriser le terrain une fois que les islamistes auront été repoussés.