Le Syndicat autonome des personnels du ministère des Affaires étrangères (SAPMAE) brandit la menace d'une grève. «Nous accordons un délai d'une semaine au ministre, Mourad Medelci, que nous avons rencontré hier (mardi ndlr) ; s'il ne tient pas ses engagements, nous entrerons en grève», a indiqué la secrétaire générale du syndicat, Mme Fatiha Souissi, hier, au cours d'une conférence de presse tenue au siège du ministère. La première préoccupation du syndicat est de «sortir les travailleurs du ministère (les corps communs) de la précarité dans laquelle ils sont englués depuis des années», a averti la représentante syndicale. Dans la plateforme de revendications des travailleurs figure «l'augmentation des salaires de sorte à les mettre au même niveau que les autres secteurs. Certains employés touchent moins que le SNMG. Des travailleurs qui ont plus de 30 ans de service, leur salaire ne dépasse pas les 24 000 DA, c'est une aberration», s'indigne la secrétaire générale du syndicat. «Nous touchons des salaires de misère», se révoltent quelques travailleurs présents à la conférence en exhibant leur fiche de paie portant 14 565 DA. Ils condamnent l'attitude de l'administration qui, selon eux, est «méprisante» à leur égard. «L'ex-secrétaire général du ministre – Delmi Boudjemaâ, actuellement ambassadeur à Genève – avait osé nous dire : si vous ne voulez pas travailler, nous allons recourir aux Chinois», regrette un syndicaliste. Le syndicat revendique également la «revalorisation de la prime de souveraineté pour la porter à 60 000 DA». Le SAPMAE revendique la modification du décret présidentiel 91-335 fixant les modalités de désignation des fonctionnaires appartenant aux corps communs à des postes à l'étranger. Ledit décret prévoit des nominations après une expérience de 15 ans d'exercice dans l'administration centrale. Le syndicat veut ramener cette durée à 10 ans «afin de permettre à des fonctionnaires de faire une deuxième sortie pour les corps communs et un roulement dans les nominations», a expliqué Mme Souissi, non sans rappeler que «des fonctionnaires qui totalisent 30 ans de service n'ont jamais été nommés à l'étranger». La représentante des travailleurs dénonce «des nominations qui se font par copinage et non pas sur la base de la compétence et de l'expérience». Autre point de discorde entre les travailleurs et leur tutelle, celui lié à la situation intenable des contractuels. Les contrats à durée déterminée «sont devenus une règle est non pas une exception», regrette un technicien en maintenance qui cumule des CDD pour un salaire qui descend jusqu'à 13 000 DA. Au sein de l'auguste ministère des Affaires étrangères, des employés vivent sous le régime précaire de contractuels depuis 1978. Ils sont quelque 170 contractuels qui réclament une permanisation, comme le stipule la législation du travail. Des ingénieurs, une cinquantaine, qui exercent dans «des conditions pénibles pour un salaire de 9000 DA et qui enchaînent des CDD depuis 2010 qui risquent de ne pas être renouvelés», dénonce Mme Souissi. «Tourisme diplomatique» Le SAPMAE soulève également l'accablante question du mouvement diplomatique qui stagne et les conditions «opaques» qui président à la nomination des diplomates à des postes à l'étranger. «Il n'est pas raisonnable que la Somalie opère un mouvement diplomatique annuellement, alors qu'un pays comme l'Algérie déroge aux traditions diplomatiques !», s'étonne le syndicat, qui demande l'organisation d'«un mouvement diplomatique annuel des chefs de mission qui toucherait les conseillers et les ministres plénipotentiaires». L'organisation syndicale exige en outre «l'application stricte et à tous les niveaux de responsabilité des délais réglementaires de départ à la retraite». Elle propose une tranche maximum d'âge à 65 ans pour les ambassadeurs, les consuls généraux, les directeurs centraux, les directeurs et leurs adjoints. Une mesure qui permettrait de mettre fin «au monopole des postes par une minorité au détriment des autres diplomates». Beaucoup d'ambassades «pullulent de vieillards au rendement nul. Ils font du tourisme diplomatique et des affaires pendant que notre diplomatie connaît de sérieux revers», regrette un fonctionnaire des AE. Il faut rappeler à ce sujet que l'année dernière, six femmes de haut rang avaient dénoncé, dans une lettre au Président, «la discrimination et le constat amer du parcours du combattant de la femme diplomate algérienne pour accéder aux postes-clés d'ambassadeur et de consul général dans ce secteur». Une situation qui déteint négativement sur le rendement de la diplomatie algérienne. Le SAPMAE exige également «la transparence dans les nominations et la promotion au sein de l'administration centrale et à des postes à l'étranger». En somme, toute une série de problèmes sur le bureau de Medelci. Les fonctionnaires du MAE lui laissent un délai d'une semaine avant de débrayer.