L'anarchie qui règne dans les maternités des établissements de santé publique (ESP) de la wilaya de Constantine prend de l'ampleur. Les femmes accouchent dans des conditions quasi inhumaines : un espace très réduit partagé entre trois parturientes, voire plus. Les salles d'accouchement enregistrent un manque d'hygiène qui favorise les infections. «Le médecin lui-même m'a conseillé de demeurer chez moi afin d'échapper à la contagion», a témoigné Amel, qui a souffert lors de son séjour à la maternité de Sidi Mabrouk, d'une infection dangereuse quelques jours après son accouchement. «La qualité du service est en régression effrayante ; les patientes sont souvent traitées avec brutalité, même en terme de traitement médical», dénoncent plusieurs parturientes, qui déplorent la négligence et la passivité de certains personnels face à leurs souffrances. L'indisponibilité des médicaments et autres équipements est l'autre problème soulevé dans la plupart des infrastructures. Il faut dire que la maternité de Sidi Mabrouk qui enregistre en moyenne 40 accouchements toutes les 48 heures, est réellement saturée, avec une capacité de 68 lits seulement. Elle accueille, selon le chef de service, Dr Sellahi, 120 femmes/jour. De plus, l'effectif chargé du nettoyage est en nombre réduit et le recrutement d'autres éléments dépend du ministère des Finances. «Le personnel de nettoyage est dépassé et a fini par baisser les bras. Même chose pour les sages-femmes dont la plupart partent en retraite ou préfèrent le secteur privé», a affirmé le directeur de la santé de wilaya, Azouz Assassi, qui estime que «l'anarchie caractérisant certaines structures sanitaires de la capitale de l'Est, particulièrement les services de gynécologie obstétrique, est due principalement à une mauvaise organisation liée aux moyens humains et matériels ; sinon comment expliquer qu'au moment où l'EHS de Sidi Mabrouk et le CHU connaissent une surcharge, plusieurs EHS sont carrément vides, alors qu'ils sont bien équipés». Et d'ajouter : «La renommée hospitalo-universitaire dont jouissent le CHU Dr Benbadis et l'EHS de Sidi Mabrouk, qui enregistrent une forte présence des étudiants en médecine en cours de formation, aptes à prendre les malades en charge sous la direction d'un maître-assistant, est pour beaucoup dans l'affluence des parturientes. En raison de l'absence de médecins spécialisés et d'une équipe médicale compétente dans les autres EPH, surtout à Ali Mendejli et El Khroub, les femmes préfèrent accoucher au CHU même si les conditions d'accueil sont très médiocres.» Afin de désengorger ces deux structures, une initiative vient d'avoir l'accord de principe de la tutelle, nous a fait savoir le DSP. «Celle-ci consiste à décentraliser la formation en ouvrant les différents services des EPH aux médecins en phase de formation supérieure. Nous comptons transférer une partie de cette frange du corps médical activant au CHU et à l'EHS Sidi Mabrouk vers les EPH de la cité El Bir, du secteur urbain Boudraâ Salah et d'El Khroub», a-t-il informé. Leur emplacement géographique permettra en sus de prendre en charge les parturientes des wilayas limitrophes.