«En tant que premier responsable de l'établissement hospitalier, je ne peux pas, et je n'ai aucun droit de refuser un malade. Je dois le prendre en charge, quelles que soient les conditions d'accueil», a déclaré, hier, M. Zermane, directeur du CHU de Constantine, en réponse aux plaintes des patients et de leurs familles décriant les conditions d'accueil, de prise en charge des parturientes et l'hygiène au sein de cette structure souvent surchargée. Venu de Hamma-Bouziane pour l'admission de sa femme sur le point d'accoucher pour la seconde fois, ce monsieur nous dira : «Malgré tout, je préfère que ma femme accouche ici où existent des praticiens compétents, où elle ne risque pas d'avoir une hémorragie en cas de césarienne». «N'empêche que les conditions de prise en charge sont désastreuses : on trouve parfois jusqu'à quatre femmes par lit, l'hygiène manque et le personnel se moque pas mal de l'état des parturientes !», estime un autre à côté venu, lui, de Tadjenanet pour voir sa femme qui avait accouché la veille. Plus clément et cherchant à être plus objectif, un troisième, venu de la nouvelle ville Ali Mendjeli, dira qu'il faut plutôt louer les efforts du personnel qui travaille sans relâche. «De toute façon, le problème sera bientôt réglé avec l'entrée en fonction du complexe mère-enfant et du nouveau CHU». Une discussion avec des praticiens et des responsables au sein de la maternité nous a édifié sur la situation que vit cette structure. En effet, un professeur nous dira sans aucune complaisance que la maternité du CHUC, comme chaque année, fait face à une grande pression durant la saison estivale avec l'affluence de patientes venues des wilayate environnantes, de Oum-el-Bouaghi, de Skikda, de Mila et même de Sétif. Sans oublier les localités toutes proches, à l'exemple du Khroub qui a son propre EHS mais qui ne dispose que d'un ou deux gynécologues, lesquels ne peuvent assurer le mois. «Et comme pratiquement, ajoute un de ses collègues, toutes les parturientes accouchent entre le mois de juin et septembre et qu'il n'y à Constantine que cette clinique et celle de Beau Séjour à Sidi-Mabrouk, on comprend mieux le problème qui se pose à notre maternité». Pendant cette période, la maternité enregistre des pics dans les accouchements où elle en réalise jusqu'à 1500 par mois, alors que pendant les autres saisons, on arrive difficilement à atteindre les 1000. Les raisons à cela ? D'une part, il n'y a pas de gynécologues dans les autres secteurs sanitaires, donc la garde ne peut pas être assurée. D'autre part, les futures mamans se sentent plus en sécurité au CHU où elles sont assurées de trouver des compétences. «A ce sujet, je dis honnêtement qu'on ne peut pas parler de manque car l'effectif y est mais, par moments, il est dépassé», a estimé le directeur du CHUC en invoquant les congés de maladie dus à la saturation et à l'épuisement du personnel. Ensuite, il y a les congés de détente. Et tout cela, selon lui, explique la situation. Sinon, dans une situation normale, l'effectif en place est largement suffisant. «Toutefois, nous accusons un déficit en médecins car, entre maîtres-assistants et spécialistes, nous n'avons que trois cadres qui n'arrivent pas aussi à couvrir le mois». En réponse à la rumeur qui fait état de quatre femmes par lit, M. Zermane rejette cette assertion en reconnaissant quand même que, parfois, le service est obligé de doubler les parturientes, mais cela ne va pas au-delà de deux par lit et pas pour tous les lits. «Le ministère nous a suggéré de réserver des lits de dégagement dans dautres services. Mais cette idée ne peut pas être appliquée chez nous, vu la configuration du CHU dont les pavillons ne communiquent pas et il n'est pas du tout indiqué de promener une accouchée, opérée ou non, d'un service à un autre».