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La discipline coercitive et le système de sanctions dans la vie scolaire
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Publié dans El Watan le 30 - 01 - 2013

Interdites depuis la fin XIXe siècle, les punitions scolaires sont toujours d'actualité. Bien que pour les enseignants le sujet soit tabou, ils sont de plus en plus nombreux à avouer y recourir, notamment pour des questions touchant au travail scolaire.
A la demande des parents, affirment-ils. Mais, au grand désespoir de messieurs les inspecteurs primaires et généraux qui sont contre les punitions et considèrent que «l'école est faite pour enseigner, non pour punir».
La discipline scolaire
La vie scolaire s'organise tout d'abord à l'intérieur de structures codifiées qui constituent un système centralisé : législation scolaire, règlement scolaire modèle, règlement intérieur de l'école, règlement propre à la classe… A ces structures sociales correspondent un certain niveau d'organisation de la vie scolaire et un certain type de rapport entre le maître et les élèves. C'est ce qu'il est convenu d'appeler le domaine de la discipline. «La discipline, c'est l'écorce de l'arbre qui retient la sève et la force de monter au cœur.» Elle est dans le choix et la pratique constante de quelques bons principes d'action.
C'est un ensemble d'habitudes qu'on s'est imposées. Accepter une discipline est déjà une marque de discipline. La discipline de soi permet de se réaliser soi-même pleinement, d'être une personne intellectuelle et morale. Elle prépare en outre à l'acceptation d'une discipline sociale, elle est la condition du civisme et du patriotisme. En effet, tel que l'établissent les différents règlements, elle ne peut guère être comprise autrement que comme la pression inhérente à un fait social ; elle a un caractère juridique et administratif ; elle est comme une barrière limitant le permis et le défendu en matière scolaire.
Recommandations, défenses et sanctions sont définies a priori et constituent elles aussi un système codifié. L'attitude du maître à l'égard des enfants est une attitude d'autorité : elle doit faire respecter la règle. L'attitude des enfants à l'égard du maître est une attitude d'obéissance ; rapports de supérieur à inférieurs, rapports superficiels et sans nuance. Ainsi considéré, le maître régit le groupe mais n'en fait pas partie. Mais l'action éducative qui se veut efficace exige que des liens d'une autre nature s'établissent entre la classe et son maître. On a vu qu'une socialisation du groupe était nécessaire et qu'elle avait pour condition une influence s'exerçant de l'intérieur. L'instruction peut à la rigueur s'accommoder de simples rapports disciplinaires. L'éducation demande davantage : un climat de collaboration, une certaine chaleur humaine, des liens authentiques et profonds.
La discipline coercitive
Elle s'exprime parfaitement dans l'importance prise par le système des sanctions : punitions diverses ou récompenses. L'échelle des punitions constitue le code pénal de la classe; celle des récompenses énumère la liste des distinctions: bon point, tableau d'honneur, encouragements, félicitations, excellence, distribution des prix en fin d'année aux plus méritants…, que l'école accorde comme témoignage de satisfaction.
Quels sont en effet les facteurs psychologiques qui entrent en jeu dans une telle conception de la vie scolaire ? D'abord, la crainte plus ou moins consciente, plus ou moins vive, du blâme ou de la punition. Cette crainte chez certains enfants peut d'ailleurs s'émousser et faire place à une sorte de résignation : on connaît ce type d'élève, éternellement en faute, qui s'installe dans sa situation de hors-la-loi et y organise sa vie d'écolier. Chez d'autres enfants, au contraire, plus émotifs, plus sensibles, la crainte de l'échec ou de la punition, entraîne une sorte de paralysie physique ou mentale, une perte de moyens : ici, «la crainte nourrit l'échec».
Dans ces deux cas, au moins, une discipline rigide risque de conduire des enfants à l'inadaptation au travail scolaire. On lit dans la législation qui régit la marche à suivre dans les établissements scolaires : «Tout manquement au règlement intérieur justifie la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire ou de poursuites appropriées». Le flou volontaire du terme «procédure disciplinaire» laisse le champ libre à toutes les variantes. Selon l'environnement géographique et social, la procédure mise en œuvre dans un petit collège d'enseignement moyen rural de quatre cents élèves ne sera pas la même que dans un établissement d'agglomération urbaine de mille élèves.
Le même phénomène se retrouve dans l'enseignement primaire : aucun texte national ne mentionne le problème de la discipline. Un certain nombre de sanctions sont cependant explicitement interdites : les châtiments corporels, le piquet, les pensums et la privation de récréation. La retenue après 17 heures est considérée comme une faute professionnelle grave de la part de l'instituteur, pour des raisons de sécurité. Il en est de même de l'exclusion de la classe dans le couloir ou dans la cour, hors de la surveillance constante d'un adulte, depuis qu'un enfant renvoyé dans le couloir s'est étranglé en jouant avec des écharpes accrochées aux patères du vestiaire.
Au demeurant, tout le monde s'accorde à reconnaître que les punitions ne résolvent aucun problème, qu'elles sont déconseillées formellement par tous les pédagogues. Les relations entre élèves et enseignants doivent être confiantes et amicales ; loin de favoriser les apprentissages, les punitions sont source de blocages. Un enfant difficile a sûrement un problème ; plutôt que de le punir, il faut l'écouter, l'observer et l'aider. Les inspecteurs des enseignements affirment rencontrer rarement des enfants punis dans leurs tournées dans les écoles. Ils en concluent un peu vite que la punition est un dinosaure, vestige d'une époque où l'éducation était basée sur la contrainte et sur la répression. Ils reconnaissent pourtant que le problème n'est pratiquement jamais abordé, qu'aucune conférence pédagogique ne le mentionne, et qu'il ne fait l'objet d'aucune concertation. Chacun est maître dans sa classe.
Sanctionner : un acte éducatif
Pour beaucoup, la punition n'est pas dépourvue de valeur pédagogique : «C'est une illusion pédagogique de croire qu'on a affaire à des semblables lorsqu'on s'adresse à des enfants», explique Nicole Capelle. «Ceux-ci ont besoin de transgresser le règlement, la loi. Et d'être punis en transgressant. Cette démarche fait partie de l'acte éducatif.» Pourtant, depuis les années 70, les psychologues ont montré les effets néfastes des punitions. Selon eux, elles sont nuisibles au climat de la classe et source de révolte, voire d'angoisse. Elles semblent, en outre, inefficaces pour accélérer les apprentissages.
En fait, les punitions apparaissent comme un rite propre à l'école, de type initiatique, pour passer de l'enfance à l'âge adulte. Les enseignants reconnaissent que les sanctions sont souvent liées à leur humeur du jour et dépendent plus de l'arbitraire que d'un projet précis et organisé. «Quand je suis irritée, fatiguée, de mauvaise humeur, mon seuil de tolérance diminue et je punis même si mes convictions sont à l'opposé», reconnaît une institutrice. Des punitions que les enfants très jeunes expliquent le plus souvent par «la maîtresse est méchante», ce qui laisse entendre que la sanction a été mal expliquée ou mal perçue. Ce qui peut cultiver chez l'enfant l'esprit de vengeance, de révolte, voire de la haine, qui peut s'installer dans la tête d'un élève grondé et humilié devant ses pairs. Et ce sera par la suite une source de la violence à l'école. On en voudra à la maîtresse, à l'école, au corps enseignant.
La maîtrise de soi
Pour réussir dans sa classe, l'instituteur aura besoin encore d'une grande égalité d'humeur, d'une pleine et constante possession de soi-même. Le règlement interdit les sévices et les châtiments corporels. Il est trop évident que l'instituteur s'amoindrit en se livrant à des accès de colère qui se traduisent par des gestes violents. «La colère est un aveu d'impuissance», dit Renouvier. Mais il ne suffit pas d'éviter ces excès. L'impatience, l'irritabilité font que vous êtes plus ou moins sévère, selon que vous êtes de bonne ou de mauvaise humeur, déconcertent les élèves et les amène à douter de la justice, de votre justice. Les âmes d'enfants sont délicates et sensibles : gardez-vous de les froisser. Vous devez respecter la personnalité naissante de l'enfant et l'aider peu à peu, avec mille ménagements, à s'affranchir, à s'élever, à acquérir enfin la pleine maîtrise de soi. Comment y parviendrez-vous si vous donnez vous-même le lamentable exemple de la colère et de l'emportement ?
«On ne règne sur les âmes que par le calme» (Legouvé)
L'enseignement est une longue patience. Vous ne serez jamais un bon éducateur si vous n'avez pas fait d'abord l'éducation de vos nerfs. Et, malheureusement, actuellement un nombre important d'enseignants vivent journellement sur leurs nerfs, irrités dans leur classe. Les causes ? Certaines, évidentes, viennent naturellement à l'esprit : le manque de formation solide des maîtres, l'évolution du rapport maître-élève, la «dévalorisation» sociale de la fonction, les conditions matérielles de travail, les rythmes scolaires antipédagogiques, classes surchargées et niveau faible des élèves. Il arrive que des professeurs de dessin ou de musique encadrent chacun plus de 22 cours dans certains CEM , avec des effectifs qui dépassent les 45 élèves par classe !
La majorité surmonte ces difficultés, résiste à l'agression, s'adapte, mais chez une minorité, les déséquilibres latents s'accentuent et, par un phénomène de résonance, l'inadaptation se nourrit d'elle-même, jusqu'à l'épuisement. Les angoisses, le stress, engendrés par la fatigue nerveuse font que certains éducateurs n'arrivent pas à s'imposer dans leur classe, dans son enseignement, n'obtiennent pas l'audience des enfants, ni leur sympathie, constatent qu'ils ne vous comprennent pas ou ne vous écoutent pas, c'est subir une blessure qui ne diminue pas seulement le travailleur. Toute la personnalité est blessée et les questions que la victime se pose sur elle-même l'atteignent au plus profond.
Le plus injuste : les punitions collectives
Interrogés sur les sanctions, les élèves disent recevoir des punitions collectives, pourtant génératrices d'effets pervers et dont le souvenir récent était encore cuisant. L'un de nous sifflait dans le couloir, proteste un élève. Le professeur a puni toute la classe parce qu'il ne s'est pas dénoncé. On a tous dû recopier la leçon en entier. «C'est injuste». L'un des élèves accuse : «En fait, on voulait nous obliger à retrouver nous-mêmes le copain et à le dénoncer !» Un autre enseignant fait également copier cinq fois le contrôle aux élèves qui n'ont pas la moyenne. Et ce maître qui tente régulièrement chaque année de réintroduire des punitions désuètes, pour autant qu'il y en ait de modernes et fait copier cent fois aux bavards : «Je ne parlerai pas en classe…», et d'autres sanctions de travail et d'oubli, cent ou deux cents lignes à faire signer aux parents : «Je n'oublierai plus mon livre de lecture…» Les responsables des Associations de parents d'élèves et des Syndicats d'enseignants sont tous d'accord en principe : la punition n'est jamais une solution, il faut responsabiliser le jeune au lieu de l'infantiliser.
L'autorité du maître
Pratiquer une pédagogie positive, avoir le souci de leur redonner confiance en nous et en eux-mêmes, de leur faire admettre l'école, de leur donner envie de la fréquenter, pas de la fuir, permettre à chacun d'évoluer à son rythme et de s'épanouir. L'enfant doit venir en classe avec plaisir. Tutorat, aide personnalisée, tout est fait pour éviter les moments de la fatigue, de baisse d'attention ou encore d'excitation. Tâche délicate, car elle exige des qualités personnelles qui relèvent tout autant du don que de l'apprentissage. De ce point de vue, l'action éducative est plus proche d'un art que d'une science.
La valeur du maître dépend en grande partie de sa valeur humaine: les connaissances, les techniques professionnelles pour indispensables qu'elles soient, demeurent insuffisantes. Il faut en plus le rayonnement personnel qui est sans doute, dans la plupart des cas, un don, mais qui peut aussi s'acquérir, dans la mesure même où la personnalité se construit et s'oriente par la culture et l'action volontaire. Si l'expérience des vieux maîtres est à l'origine de bien des réussites pédagogiques, goût de la recherche et le désir de perfectionnement peuvent pallier, chez les jeunes maîtres, l'insuffisance provisoire de cette expérience.
A ce propos, pour parer au manque de formation (fermeture des Instituts de technologie de l'enseignement), il serait souhaitable que le ministère de l'Education nationale recrute ces anciens, maintenant en retraite, pour encadrer les jeunes maîtres manquant d'expérience. Ils leur apporteront leur savoir-faire. Ils les assisteront en classe, organisent des réunions pédagogiques où seront débattus les difficultés rencontrées dans l'exercice de leur fonction (psychopédagogie, législation scolaire…). Certains jeunes enseignants ne savent pas que les châtiments corporels sont interdits, quand leur responsabilité est engagée après une faute professionnelle.
En conclusion, cette citation de Ferrière : «Il n'est pas possible, disons presque jamais possible, d'obtenir que des enfants passent de l'anarchie à l'ordre sans le concours d'un adulte doué d'une intuition psychologique, capable de semer au bon moment et au bon endroit la graine de bon sens et d'appuyer de son autorité les bonnes initiatives.»


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