En réaction aux propos de la lettre de Mme Rosa, concernant votre article sur la violence à l'école, je suis entièrement d'accord avec vous. On ne peut pas nier l'héritage du système colonial dans le domaine de l'éducation, si comme vous le dites justement, on avait su l'adapter intelligemment chez nous. Vous avez largement dans ce même article diagnostiqué les maux et préconisé des remèdes qui s'appuient autant sur la pédagogie moderne que sur le bon sens. Les enseignants, les spécialistes n'arrêtent pas de tirer la sonnette d'alarme à ce sujet, malheureusement sans écho. Le cas extrême que vous avez cité dans l'article en question n'est pas rare, car presque tous les jours des journaux rapportent des cas similaires dans les faits divers. Cette violence, il faut le dire, se nourrit de celle plus sournoise et moins visible, mais non moins condamnable que sont les corrections à l'aide d'une règle - le plus souvent utilisée par la plupart des enseignants dans le primaire et même au-delà - pour maintenir l'ordre et la discipline, ou punir un élève inattentif, alors que la loi interdit strictement les châtiments corporels en classe quels que soient les raisons ou les motifs invoqués. On connaît les répercussions de ces corrections sur le moral et sur la scolarité des enfants, en plus d'être une atteinte à leur intégrité physique, pourtant il y a d'autres manières de sanctionner des comportements perturbants en classe. En plus des causes de cette violence que vous avez évoquées, la psychologie de l'enfant n'est pas une discipline enseignée aux futurs maîtres, alors qu'elle est fondamentale pour comprendre les différentes étapes du développement de l'enfant et permet de gérer au mieux une classe composées d'individualités, de personnalités diverses, d'êtres fragiles ambivalents, de caractères différents avec leur propre histoire et non pas des feuilles blanches prêtes à recevoir tout écrit. Il ne faut pas seulement faire porter le chapeau aux seuls enseignants, car les châtiments corporels sont une culture chez nous, ils commencent dans la famille dès l'enfance. C'est une pratique très répandue et dans tous les milieux ; elle fait office d'éducation au sens large, l'école n'en est donc que la continuité. Pour sortir de ce cercle vicieux, le milieu scolaire - dans son ensemble - gagnerait à encourager et à promouvoir les aspects positifs que sont les récompenses, à valoriser le travail bien fait, la bonne conduite au lieu de systématiquement opter pour les punitions, châtiments et sanctions à tout-va. C'est connu, la violence engendre la violence. Cordialement. Mme Bada