Cela fait des années que des jeunes des régions de Laghouat et Ouargla protestent et dénoncent l'absence d'intérêt des autorités à leurs nombreux problèmes. Le cri de ces chômeurs se perd souvent dans la vacuité du désert. A Alger ? On donne l'ordre de réprimer sans prendre le soin d'écouter les doléances des citoyens qui contestent. Le regard méprisant à l'égard des gens du Sud n'a jamais changé. Il est toujours le même depuis l'indépendance du pays. Les Algériens du Sud marchent sur l'or et n'en voient pas la couleur. Gaz et pétrole ne sont-ils pas extraits du sol du Sahara ? Après des années de patience, les jeunes ont compris l'inutilité de l'attente face à un pouvoir politique centralisateur, incapable de changer ou de se remettre en cause. Les visites occasionnelles des ministres dans les wilayas du Sud ne peuvent pas faire oublier qu'il n'existe aucune stratégique claire pour sortir du sous-développement ces régions et donner aux jeunes d'autres perspectives. En avril 2012, Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, avait annoncé la mise en place «d'un plan spécial» pour le développement du Sud algérien avec la création d'une entreprise de travaux publics et d'une autre dans le bâtiment. Le ministre avait même parlé de nouvelles villes et de programme agricoles. «Ces projets seront gérés par les habitants de la région», avait soutenu Ould Kablia. Qu'a-t-on fait depuis ? Où est ce programme spécial Sud ? A-t-on consulté les habitants du Hoggar, du Tassili n'Ajjer, du Touat, des Oasis, du Souf, de Gourara, du M'zab ou de la Saoura ? Rien ! Des paroles et des promesses. Comme d'habitude. Pourtant, il y a urgence. L'instabilité chronique au Mali et en Libye aurait dû amener la présidence de la République et le gouvernement à changer l'ordre de leurs priorités. Mettre en œuvre des projets sociaux, économiques, scientifiques et culturels pour le Sud doit passer avant tous les plans surtout que les caisses de l'Etat sont pleines. L'intérêt aux régions sahariennes ne doit pas se limiter à l'aspect sécuritaire. L'attaque terroriste d'In Amenas est d'abord la conséquence de nombreuses faillites. Il faut donc situer les responsabilités de cette situation et réorienter les politiques en la matière. Il est impératif que l'Etat pense à revoir le découpage administratif du Sud, combler les vides stratégiques des zones frontalières, réviser le déploiement militaire opérationnel en régions, s'appuyer sur des partenaires extérieurs fiables en matière de sécurisation électronique des frontières, relancer le secteur touristique, construire des hôpitaux, des universités et des centres de recherche et lutter réellement contre la contrebande. Il faut également changer totalement les méthodes en matière de valorisation des compétences et des cadres issus du Sud algérien. Il n'y a pas de raison pour que les diplômés du Sud ne trouvent pas de bonnes places au sein de la haute administration de l'Etat. Et rien n'empêche de nommer dans les régions sahariennes des walis et des responsables militaires désignés issus du sud du pays. La marginalisation alimente la haine. Et la haine nourrit la violence.