La violence est en train de s'installer en Tunisie, où les salafistes ont frappé à nouveau une semaine après qu'ils aient assassiné un citoyen à Tataouine. Hier, ils ont tué devant son domicile un avocat progressiste, maître Chokri Belaïd, vice-président du Front populaire, très connu pour avoir été un opposant farouche au régime de Zine El Abidine Ben Ali. Le crime a provoqué une onde de choc chez le peuple tunisien, qui a rapidement exprimé sa colère en détruisant plusieurs sièges d'Ennahda, le parti de Ghannouchi qui n'a pas hésité à envoyer la police contre des manifestants dans le centre de la capitale. Le terrorisme islamiste n'est qu'à ses débuts et il faut craindre que le pire ne soit à venir. Les Algériens sont assez bien placés pour le redouter. Depuis qu'Ennahda est arrivé au pouvoir, tout a été fait pour encourager la mouvance salafiste dont les débordements ont été ignorés par les services de sécurité. La passivité de ces derniers a poussé les barbus à redoubler de férocité, encouragés par Ghannouchi qui a montré, à leur égard, la plus grande des compréhensions. N'ayant pas relancé la machine économique, son slogan «L'islam est la solution» ne donnant pas de pain aux populations, le leader islamiste trouve certainement une diversion grâce au déchaînement de la violence. Il n'a jamais condamné par exemple les destructions des mausolées ni les actes de barbarie perpétrés par ses militants dans les enceintes universitaires. L'élite intellectuelle est désormais la cible des intégristes, un phénomène déjà connu par l'Algérie. Surtout que les terroristes tunisiens ne doivent pas manquer d'armes et de munitions depuis la chute du dictateur libyen Mouammar El Gueddafi. Et la déstabilisation de la Tunisie aura des répercussions négatives sur toute la région. On le voit avec ce qui se passe au Mali, d'où les djihadistes envisageaient de mettre à feu et à sang toute la région du Sahel. L'avenir de la Tunisie, déjà plongée dans une grave crise politique, économique et sociale, s'annonce malheureusement sombre. Le péril vert fera davantage de dégâts si la communauté internationale ne se mobilise pas de manière conséquente, en attaquant le mal à sa racine, en isolant ses sources de financement. Et celles-ci sont connues. Ce sont le Qatar et le wahhabisme d'Arabie Saoudite qui veulent renvoyer le Monde arabe dans l'obscurantisme. Les deux pays sont allergiques à tout ce qui est démocratie et n'hésitent pas à mettre tous les moyens dont ils disposent pour bloquer les peuples arabes. Il est temps de se pencher sur le cas de ces régimes hors la loi, qui encouragent le crime et la destruction. Ils sont ménagés parce qu'ils disposent de fabuleuses richesses et des moyens de pression et de corruption. Les dégâts qu'ils feront à l'humanité seront irrémédiables, si celle-ci continue à laisser faire en ne s'engageant pas dans un combat résolu contre l'islamisme. Dans le cas contraire, le réveil sera plus que brutal.