Sitôt promulgué sitôt abrogé. Le contrat première embauche (CPE) sera remplacé par un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté. Ainsi ont décidé conjointement Jacques Chirac et Dominique de Villepin, à l'issue d'une réunion express, organisée hier matin à l'Elysée, avec de nombreux ministres et députés de droite, engagés déjà dans l'élaboration du défunt contrat. Alors que les syndicalistes et les étudiants savourent leur victoire, le parti socialiste, par la voix du chef de file de ses députés, Jean-Marc Ayrault, a indiqué que son parti « resterait particulièrement vigilant sur la nouvelle proposition de loi afin que les dispositions abrogées ne soient pas introduites subrepticement ». L'interlocuteur a également regretté « la lenteur, la confusion et l'intrigue qui ont régné au sommet de l'Etat français avant d'aboutir à la suppression du CPE ». Arc-bouté pendant deux longs mois sur ses positions, le Premier ministre français est sorti fragilisé du combat qui l'a opposé à la rue. Hier, il a reconnu, avec un brin d'amertume et de déception, que « les conditions de confiance et de sérénité n'étaient plus réunies ni du côté des jeunes ni de celui des entreprises pour permettre l'application du CPE », regrettant au passage de « ne pas avoir été compris par tous sur ce sujet, alors que je voulais agir vite pour l'emploi des jeunes ». Dans l'espoir de récolter des résultats politiques avant les élections présidentielles de 2007, Bernard Accoyer, député de l'Union pour la majorité parlementaire UMP et principal artisan du feu CPE, cherche à aller très vite. Hier après-midi, il a annoncé le dépôt d'une proposition de loi remplaçant le CPE. Il souhaite la discuter dans les tout prochains jours. La nouvelle proposition de loi prévoit une aide à tout employeur embauchant en contrat à durée indéterminée (CDI) un jeune âgé de 16 à 25 ans de faible qualification, ou résidant dans une zone pauvre ou alors titulaire d'un contrat d'insertion dans la vie sociale. Ainsi, toute entreprise qui appliquerait cette loi se verra octroyer par l'Etat la somme de 400 euros (environ 40 000 DA) par mois pendant la première année et la moitié de la prime lors la deuxième année. Satisfaits de voir le CPE définitivement enterré, les syndicats gardent néanmoins un œil vigilant sur la nouvelle proposition que les députés devraient soumettre d'ici quelques jours. Hier, ils se sont retrouvés en fin de soirée pour discuter de la démarche à adopter vis-à-vis de la nouvelle loi en préparation.