«J'ai déposé une plainte, mardi, auprès du procureur de la République du tribunal de Annaba qui m'a entendue en présence de maître Bouaricha, le doyen du bâtonnat régional de Annaba, à l'encontre de la députée MPA, Nabila Baiaza et sa fille. Je les accuse de violence contre ma personne», a rappelé la jeune avocate du barreau de Annaba, Wafa Zenadi, lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de la Ligue algérienne des droits de l'homme. L'affaire, qui remonte au 5 février dernier, porte sur un incident qui s'est produit il y a 15 jours entre les trois belligérantes à la suite d'un problème de «négligence» dans le traitement d'une affaire civile dont la jeune avocate, qui exploite le cabinet de la députée, a été chargée par cette dernière pour la défendre. Devenue mandante malgré elle, la jeune avocate accuse la députée et sa fille d'avoir fait usage de violence à son encontre dans le hall du tribunal en présence de cinq témoins, à savoir quatre avocats et un citoyen. «J'ai cité les cinq témoins dans ma plainte qui seront convoqués, outre par la justice, par le bâtonnat pour livrer leur témoignage», indique l'avocate. La plaignante, qui est adhérente au parti MPA à Annaba, a affirmé, devant un parterre de journalistes et de cadres de la LADDH, qu'elle regrette d'avoir voté pour cette députée, promettant d'aller très loin pour recouvrer sa dignité. A la question pourquoi elle a choisi la LADDH pour s'exprimer, l'avocate a reconnu que par cette action, elle veut assurer sa sécurité physique et professionnelle. Lors d'une conférence de presse organisée la semaine dernière, la députée MPA s'est dite, pour sa part, prête à renoncer à son immunité parlementaire, si sa culpabilité est prouvée. Or, la justice ne peut pas se saisir de l'accusation d'un député si son immunité n'est pas levée au préalable. Mais cet incident entre un député et un justiciable n'est pas une première. On se souvient, en 2007, de l'affaire de l'ex-P/APC de Tazmalt (Béjaïa), Smaïl Mira, cité dans une affaire d'homicide du défunt Kamel Saadi, où il s'est dit disposé à la levée de son immunité pour que la justice puisse l'écouter. Un autre député (indépendant) de Annaba, Aïssa Menadi, a exploité cette même immunité dans plusieurs délits commis lors de son dernier mandat. Benali Messaoud, député FLN à Annaba, n'a pas été poursuivi en 2009 après une plainte déposée par son voisin suite à une agression. Dans une de ses déclarations, Mahmoud Khedri, ministre des Relations avec le Parlement, avait affirmé : «On laisse croire que certains députés exploitent l'immunité de manière inopportune et s'en prévalent pour se protéger en cas de dépassement, dont ils sont auteurs.» Selon des juristes contactés au tribunal de Annaba, «même si l'immunité parlementaire de la députée MPA lui évite des poursuites judiciaires, sa fille, quant elle, demeure justiciable». De son côté, la LADDH, qui regrette cet incident, compte saisir officiellement le président de l'APN et le secrétaire général du MPA, qui n'ont pas encore réagi, pour qu'ils interviennent pour mettre fin à ce genre de dépassements.