Près d'un mois après la sortie fracassante de Mouammar Al-Kadhafi qui lançait, depuis Tombouctou au Mali, l'idée chimérique de constitution du “Grand-Sahara”, la mouhafadha de Tamanrasset sort des ses gonds pour s'inscrire en faux contre le projet cher à l'inénarrable Guide de la Révolution libyenne. “Nous dénonçons et nous exprimons notre vive préoccupation à la suite du rassemblement qui s'est tenu dernièrement à Tombouctou en République du Mali sous l'égide du président libyen Mouammar Al-Kadhafi projetant la constitution de ce qui est appelé le rassemblement du Grand-Sud”, lit-on dans un communiqué de la mouhafadha de Tamanrasset sanctionnant sa réunion, tenue jeudi dernier, dans la capitale du Hoggar. Et d'ajouter : “Les militants du FLN combattront ce projet qu'ils considèrent comme mort-né, car ces promoteurs ne font que nager en eau trouble.” Tout en rappelant l'attachement des citoyens de l'Ahaggar aux principes de la Révolution de novembre 1954, la mouhafadha du FLN considère que “ces politiques et ces stratégies conçues à l'étranger ne servent en aucune manière les intérêts de l'Afrique. Bien au contraire, elles visent son appauvrissement et surtout à faire main basse sur ses richesses.” Une position s'inscrivant en droite ligne de celle exprimée par la direction nationale du FLN qui, à l'issue de la session ordinaire de son conseil national, tenu les 28 et 29 avril dernier à l'hôtel El-Aurassi, a soutenu : “Ce projet est une violation du sacro-saint principe consacré par l'Union africaine concernant les frontières héritées de l'indépendance. Ce projet menace les politiques d'intégration régionale.” Profitant de sa présence, le 11 avril dernier, à Tombouctou au Mali pour la célébration du Mawlid, anniversaire de la naissance du Prophète Mohammed, le Guide libyen, Mouammar Al-Kadhafi, a réuni autour de lui une brochette de notables et autres dirigeants d'anciens mouvements de rébellion de la région sahélo-saharienne, pour se faire introniser “parrain” de ce cénacle auquel il a soufflé l'idée de la réalisation du “Grand-Sud”, un rassemblement des populations et tribus du désert qui s'étendrait du Sénégal jusqu'aux confins du lointain Irak. Caprice d'un dirigeant haut en couleur ayant habitué son monde à ses extravagances ? De son imagination enfiévrée est née, en 2000, le rêve fou du remplacement de la défunte OUA par une structure pompeusement baptisée les Etats-Unis de l'Afrique (EUA). Sa dernière trouvaille malienne n'a pas laissé toutefois de marbre ses voisins algériens. Premier à réagir, l'Amenokal des Touareg, Ahmed Edaber, rejettera d'un revers de la main la fantasmagorie d'Al-Kadhafi en lui répliquant sèchement, dans une déclaration à notre confrère El Watan : “En ma qualité de responsable du Hoggar, j'interdis à un quelconque président et à n'importe qui d'autre de venir discuter avec moi sans avoir eu au préalable l'autorisation de mon président Abdelaziz Bouteflika.” À son tour, le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, profitant, le 15 avril dernier, de son passage au Forum de l'ENTV, a signifié à Al-Kadhafi son rejet de son fumiste projet rappelant que l'Algérie n'a continué le combat libérateur que pour préserver l'intégrité de son territoire. A. C.