L'attentat meurtrier du 28 février 1962 à Mdina Jdida, commis par les hordes fascistes de l'OAS, a été commémoré jeudi à Oran. Plus d'une centaine de personnes se sont ainsi rassemblées à la place Tahtaha (Mdina Jdida), devant le monument des Martyrs, où une gerbe de fleurs a été déposée. Organisée notamment par le Comité d'initiatives et de vigilance citoyenne (Civic), cette commémoration a vu la présence de simples citoyens, d'anciens moujahidine, des scouts musulmans ainsi que des représentants de quelques partis politiques. Le rassemblement s'est tenu sur les lieux mêmes de l'attentat, et à la même heure, et cela afin que «nul n'oublie», nous dira un des organisateurs, avant d'ajouter : «Organiser un tel rassemblement, qui plus est ici, dans la populeuse Mdina Jdida, est toute une symbolique. C'est un devoir de mémoire qu'on se doit de tenir, et cela afin d'exprimer notre gratitude envers nos martyrs, mais aussi, de faire barrage à la culture de l'oubli !» Après le rassemblement, s'en est suivie une conférence donnée par l'historien et ancien maire d'Oran, Sadek Benkada, au musée Ahmed Zabana (se situant à quelques encablures de la place Tahtaha). Ce dernier est longuement revenu sur cette triste journée, où Oran a déploré la mort d'une centaine de ses filles et fils, assassinés suite à un attentat à la voiture piégée. «Les années 1961 et 1962 ont été très dures pour les villes d'Alger et d'Oran, où l'OAS faisait régner la terreur», dira le conférencier. On apprendra aussi que cette organisation d'extrême droite s'était résolue au fait de «lâcher l'Algérie», mais il lui était hors de question de «lâcher Oran», quitte à créer un «mini-pays» en Oranie, où la présence française y resterait. D'où sa férocité dans cette région du pays. Oran a ainsi été la première ville algérienne à faire l'amère expérience des voitures piégées, et cela qui plus est en plein mois de Ramadhan, à une heure où la place Tahtaha grouillait de monde. S'en est suivi, quelques mois après, l'attentat du port d'Alger, toujours à la voiture piégée, qui a provqué la mort d'une soixantaine de personnes. C'est pour honorer la mémoire de toutes celles et ceux morts en cette période pour que vive l'Algérie d'aujourd'hui, indépendante et souveraine, que la commémoration de jeudi dernier a eu lieu.