La mise en application officielle, à partir d'aujourd'hui, du nouveau système de remboursement adopté par le ministère du Travail et de la Protection sociale, appelé communément le tarif référentiel, continue de faire des remous au sein des associations des malades et parmi même les assurés non structurés qui ne manqueront pas d'exprimer leurs craintes concernant une mesure qui semble être imposée, sans aucune étude préalable des conditions sociales de la plupart des assurés de la caisse des assurances sociales. Cette préoccupation a été d'ailleurs vivement exprimée par les représentants des associations des malades invités le 4 avril dernier par la direction de la CNAS de Constantine pour une journée d'information. Une séance qui a tourné en une tribune de contestation dans laquelle les concernés ont rejeté les nouvelles mesures dans le fond et dans la forme. « On nous a convoqués pour nous dicter une décision qui a été déjà prise pour nous mettre dans une situation d'impuissance, alors qu'on ne nous a même pas avertis ni consultés », retiendra non sans colère le président de l'association des retraités. Toutes les associations présentes à la rencontre de la CNAS ont exprimé publiquement leur rejet d'une procédure qu'ils qualifient de « hogra » à l'encontre des malades, déjà exténués par la bureaucratie pour subir des traitements qui finiront par les mettre à nu. Les associations des malades, ayant décidé de rédiger une motion contre la décision du ministère du Travail et de la Protection sociale, affirment qu'ils ont été pris de court et ne disposent pas jusqu'à aujourd'hui ni de la liste des médicaments touchés par la nouvelle procédure, ni des tarifs qui leur permettront de « faire leurs comptes ». Un manque d'informations qui continue de caractériser une opération menée jusque-là dans le flou total. Pour les pharmaciens de la wilaya de Constantine, le délai de deux mois qui leur a été donné ne leur permettra pas de réorganiser leurs stocks en fonction de la liste des médicaments concernés par le tarif référentiel, comme a tenu à le souligner M. Henni, président du bureau de Constantine du Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO). « Les pharmaciens disposent encore de stocks importants de médicaments qui seront affectés par cette mesure, alors qu'ils souhaitaient avoir plus de détails et d'informations pour pouvoir mieux orienter les malades et leur proposer les meilleurs choix possibles », notera M. Henni. Si pour le ministère du Travail, l'objectif visé par l'application du tarif référentiel est lié à une rationalisation de la consommation du médicament et à l'encouragement du générique pour mieux maîtriser les dépenses des caisses d'assurance, des spécialistes avancent que le choix du tarif référentiel aurait pu être calculé sur la base d'une moyenne du prix du générique, entre les prix bas, moyen et le plus élevé, alors que le ministère a opté d'emblée pour le prix le plus bas, d'où une énorme différence avec le prix de vente, chose qui pénalisera énormément certaines catégories de malades pour qui le générique n'est pas disponible sur le marché ou n'a pas le même effet thérapeutique que celui fabriqué à partir de la molécule mère. Accueillie avec mécontentement, la procédure du tarif référentiel sera soumise à l'épreuve du terrain en attendant de revoir ses défaillances. « Pour cela, il faudra encore plus de temps pour se conformer aux normes internationales qui exigent notamment un remboursement en fonction de la qualité du service médical rendu », nous expliquera un spécialiste.