Le navire El Djorf avait été libéré après avoir été bloqué par les autorités portuaires de Hambourg, en Allemagne, pour expiration du certificat de classe. Le navire El Hadjar a été saisi lundi dernier par le groupe Pharaon lié à CNAN-Nord dans le cadre d'une joint-venture, en Asie. Le bateau venait de subir plusieurs opérations de réparation d'un montant de plus de 10 millions de dollars, afin qu'il soit rapatrié. Il fait partie de la flotte de 8 navires de la CNAN, le Djebel Onk, le Djebel Rafaâ et le Djebel Ksila, les trois désarmés et abandonnés depuis 2009 au Pirée en Grèce, ainsi que le Aïn Témouchent, le Nemencha et le Blida. Ce dernier avait été vendu par la compagnie d'assurance après qu'il ait été déclaré en perte totale par le groupe Pharaon, pour empocher la somme de 3,4 millions de dollars. Lundi dernier, le navire El Djorf appartenant à la CNAN avait été libéré après avoir été bloqué depuis le 28 février dernier par les autorités portuaires de Hambourg, en Allemagne, pour expiration du certificat de classe. Le navire était dans l'impossibilité de rejoindre le pays, poussant les responsables de la filiale (CNAN-Nord) à affréter un navire, le Enita, d'une capacité de 13 000 tonnes. Ce cargo a été chargé d'acheminer non seulement la marchandise devant être transportée par le Djorf, mais également toute celle destinée aux navires propriété de la CNAN, tels que le Ibn Khaldoun II bloqué au port d'Anvers depuis plus de 4 jours pour manque de fret, mais également le Ibn Sina II qui faisait route sur Anvers, en Belgique. MAINTENIR LES NAVIRES SOUS PAVILLON ALGERIEN A signaler que deux ans après sa venue en Algérie en 2007, le groupe Pharaon a obtenu le rachat de 51% du capital d'International Bulk Carriers (IBC), une filiale de CNAN-Group. En vertu de ce contrat de partenariat, Mouneim Gheit Pharaon détient 24,5% de ces actions, le Jordanien Dadjali 24,5% et l'Algérien Laradji Mustapha 2%. Ces derniers avaient pour objectif de conserver la majorité du capital entre les mains d'actionnaires nationaux et maintenir ainsi les navires sous pavillon algérien. L'opération a été chapeautée par la SGP Gestramar, et Pharaon s'est engagé publiquement à investir 50 millions de dollars dans le renouvellement de la flotte et son développement. Une fois dans le capital d'IBC, Pharaon prend possession d'une flotte de 8 navires, pour seulement 9 millions de dollars. Il met 5 millions de dollars dans les comptes d'IBC, considérés comme un prêt remboursable, selon le contrat de cession, sur 5 ans, soit un million de dollars par an, avec le produit de l'affrètement de la flotte. Or, deux ans plus tard, deux cadres de CTI Group, dont il est propriétaire, vont créer aux îles Caïmans la société Leadarrow, avec un capital social de 1000 dollars. Celle-ci va tout de suite bénéficier de l'exploitation des huit navires cédés à Pharaon. Une exploitation qui va coûter des sommes colossales à la CNAN. Celle-ci se retrouve obligée de prendre en charge les factures suspicieuses de réparation dans les chantiers roumains et grecs pour uniquement trois navires, le Blida, le Nememcha et le Nedroma. Evaluées initialement à 3 millions de dollars, celles-ci vont atteindre 17 millions de dollars. De quoi acheter une nouvelle flotte. Les 5 navires restants rapportent au Saoudien plusieurs dizaines de millions de dollars. Vers 2009, l'ex-présidente directrice générale du groupe CNAN a exigé de CTI la présentation des factures détaillées avant tout virement au profit de Leadarrow. Le montant payé par la compagnie a déjà atteint 4 millions de dollars. Devant le refus de CTI, les virements sont bloqués. C'est alors que Pharaon décide d'agir par le biais de la société Leadarrow qui dépose une plainte auprès du tribunal maritime de Londres. La bataille juridique dure plus de 16 mois à l'issue de laquelle CNAN-Group obtient gain de cause. Le tribunal de Londres déboute totalement Pharaon. La décision n'est sujette à aucun recours. Les navires de la compagnie se retrouvent dans l'abandon le plus total.