La guerre se poursuit au proche-orient avec l'élargissement du cycle répression-résistance. Principale cible de l'armée israélienne ces dernières semaines, le Djihad islamique avait alors promis une vengeance. C'est ce qu'il a fait hier alors même qu'était inaugurée la nouvelle législature israélienne, et tandis que les Palestiniens faisaient un travail de mémoire en commémorant la journée du prisonnier, afin de ne pas oublier. Selon le Bureau des statistiques palestiniennes, 650 000 Palestiniens ont été détenus depuis 1967, soit un Palestinien sur quatre parmi la population de plus de dix ans. 9 400 sont toujours en prison. Les autorités israéliennes ont confirmé la détention de 9000 Palestiniens : 8000 dans des prisons civiles en Israël et 1052 dans des centres de détention de l'armée, dont 203 détenus administratifs. Ainsi donc, neuf personnes ont été tuées hier et des dizaines d'autres blessées dans un attentat suicide palestinien commis à Tel Aviv par un kamikaze qui a aussi péri, ont indiqué des sources médicales et policières. L'attentat s'est produit alors que les Israéliens célébraient, par ailleurs, la Pâque juive. Il a été perpétré dans l'ancienne gare routière de Tel Aviv, une zone très fréquentée par les ouvriers étrangers. « Plusieurs blessés » touchés dans cet attentat sont dans un état grave, ont indiqué les sources médicales. L'attaque a été revendiquée par le Djihad islamique, un groupe armé palestinien qui a revendiqué les sept derniers attentats suicide en Israël. Un interlocuteur anonyme parlant au nom du groupe a affirmé à une agence de presse occidentale que l'attentat coïncidait « avec la journée du prisonnier » et constituait une riposte « aux massacres israéliens et au siège imposé à notre peuple ». Toutefois, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a condamné cet attentat « terroriste » et appelé la communauté internationale à intervenir pour mettre fin à la « grave détérioration » de la situation dans la région. Le dernier attentat suicide palestinien en Israël avait eu lieu dans la même gare le 19 janvier, faisant 15 blessés. Les derniers décès portent à 5025 le nombre de personnes tuées, en grande majorité des Palestiniens, depuis le déclenchement de l'Intifadha en septembre 2000. Très certainement, les Israéliens vont se servir de cet attentat pour accentuer leur politique de répression, et mener leur politique unilatérale. Les tractations en ce sens allaient bon train hier dans l'enceinte même du parlement israélien. Les représentants du parti centriste Kadima dirigé par M. Olmert ont fait état de progrès dans les tractations avec les travaillistes à la suite d'une nouvelle rencontre hier. « Nous sommes tombés d'accord sur la plupart des points du programme gouvernemental et il ne reste que quelques points de divergence », a indiqué Me David Libaï, un avocat responsable des négociations du côté travailliste. Avant même la première séance, un élu palestinien, Ahmad Tibi, a déposé une proposition de loi visant à interdire la participation au gouvernement de tout parti prônant le retrait de la nationalité à des Arabes israéliens. Cette proposition vise le parti russophone d'extrême droite Israël Beiteinou qui préconise des échanges de territoires et de population avec les Palestiniens pour créer deux Etats ethniquement homogènes. La 17e Knesset comprend un nombre élevé d'anciens généraux et d'anciens chefs de services de sécurité. C'est l'inverse qui est vrai puisque la plupart des dirigeants israéliens viennent de l'armée. Ils viennent poursuivre la guerre par d'autres moyens. Ariel Sharon a confirmé cette règle.