Dans sa livraison du dimanche 17 mars 2013, El Watan consacre, bien obligeamment, un article à la conférence que je viens de donner à l'Ecole préparatoire des sciences économiques, commerciales et sciences de gestion de Annaba. Je voudrais apporter des clarifications par rapport à certains points évoqués dans le corps de l'article qui me paraissent essentiels. Premièrement, sur le plan du principe, j'ai, effectivement, exhorté l'armée algérienne à se tenir à l'écart du champ politique. Pour préciser ma pensée, je souligne, néanmoins, que je ne tiens pas pour hérésie l'hypothèse contraire. Celle où, dans un contexte exceptionnel, l'armée serait amenée à exercer un rôle de rempart contre la descente aux abîmes de l'Algérie. En l'absence de leaders, de partis politiques et d'organisations syndicales efficients et légitimes, l'armée pourrait être sommée de le faire. Il existe, actuellement, un vide politique sidéral extrêmement dangereux pour la stabilité du pays qui fait de l'armée la seule force constituée, homogène et, véritablement, organisée. La perspective d'un soulèvement populaire – probablement anarchique et violent – n'étant pas une simple vue de l'esprit, j'ai, ouvertement, envisagé l'hypothèse où l'armée serait requise pour rétablir l'ordre mais, c'était pour, aussitôt, exclure la possibilité qu'elle tire sur la population. Si à la faveur d'un tel soulèvement, une véritable transition démocratique s'enclenchait, j'avais évoqué la perspective que l'armée soit investie, constitutionnellement, de la mission de devoir garantir le succès du processus entamé. Au plan théorique comme au plan pratique, l'important est que l'armée ne s'accapare pas du pouvoir en refusant de prendre acte du suffrage universel exprimé dans des conditions incontestables. Ayant précisé, par ailleurs, qu'il fallait inscrire à l'actif de Abdelaziz Bouteflika le rajeunissement substantiel de la chaîne de commandement militaire – désormais, professionnelle et déconnectée de la politique partisane – j'en ai conclu que cela prédisposait l'armée, aujourd'hui plus qu'hier, à jouer le rôle que je viens d'évoquer. Deuxièmement, lorsque j'ai abordé les scandales de corruption qui s'amoncellent en altérant, gravement, l'image de l'Algérie, j'ai affirmé clairement que les services de renseignement algériens avaient correctement exercé leur mission de veille stratégique. Le constat vaut pour Sonatrach comme pour l'autoroute Est-Ouest et le programme de soutien au développement agricole. Les faits ont été dûment recensés, recoupés puis validés avant d'être transmis aux instances politiques, en premier chef le président de la République lui-même. Ce n'est pas aux services de renseignement qu'il appartient de mettre en œuvre la justice. L'appareil judiciaire, soumis au contrôle méticuleux d'un membre éminent du cercle présidentiel en la personne de l'ancien ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a, jusque-là, obéi aux seules injonctions du chef de l'Etat. Troisièmement, lorsque j'ai affirmé que la diplomatie algérienne était en phase de crise chronique, je ne pensais pas, comme thérapeutique, à une simple réforme du ministère des Affaires étrangères. Pour absorber l'impact de la mondialisation rampante qui affecte tout le système de relations internationales, j'ai plaidé pour une adaptation de fond de la doctrine et de l'action diplomatiques aux exigences du monde moderne. Je voulais faire référence à un véritable aggiornamento qui toucherait au corps de doctrine diplomatique comme aux modalités de déploiement opérationnel de la diplomatie à l'étranger. Est-il besoin de le préciser que, dans mon esprit, cet aggiornamento, pour être efficace, devait reposer sur le plus large consensus national. Je vous remercie de bien vouloir accepter de publier ces clarifications.