Une rupture avec les anciennes pratiques est nécessaire pour gagner la confiance de la population locale. Après une parenthèse qui aura duré une vingtaine d'années, la population de Bordj El Bahri peut-elle aspirer à une prise en charge réelle de ses problèmes ? Avec l'avènement de la nouvelle assemblée, tout porte à croire que cela est possible. Le changement et la rupture avec les pratiques scandaleuses du passé sont possibles. «Le nouveau président d'APC est natif de Bordj El Bahri, il connaît mieux que personne nos préoccupations, nous attendons de lui qu'il règle beaucoup de problèmes», dira un habitant de la commune. Et de poursuivre : «En élisant au poste de président d'APC une personne connue pour sa droiture, nous avons fait barrage à la dilapidation du foncier et à toutes les pratiques illégales qui ont marqué les précédents mandats.» Les citoyens de la commune ont une opinion favorable du nouveau président d'APC. Ils ont conscience aussi que la plupart des responsables qui se sont succédé à la tête de la municipalité durant les précédents mandats, ont satisfait leurs propres besoins et servi leurs propres intérêts. Ce constat est une réalité que nul ne peut nier, car de tout temps le territoire de la commune a été sujet à une dilapidation sans égale, de son patrimoine foncier. «Le problème de Bordj El Bahri a été depuis toujours les lots de terrain. La mafia du foncier a sévi durant des années, ses membres se sont enrichis de manière illégale au détriment des citoyens nécessiteux que nous sommes», témoigne-t-on. Avec l'arrivée de la nouvelle équipe à l'APC, les habitants de Bordj El Bahri attendent un réel changement. Une rupture radicale avec les anciennes pratiques est nécessaire pour rendre à la population la confiance qu'elle a perdue en ses élus. Cette démarche aura assurément le mérite de redonner aux responsables locaux fraîchement investis des tâches qui sont les leurs, une certaine crédibilité et surtout une confiance réciproque entre eux et les citoyens. «Nous sommes ici pour servir et non pas pour nous servir. Nous avons été investis d'une tâche qui est certes difficile mais noble. Ce faisant, on doit répondre aux attentes des citoyens qui nous ont donné leur confiance», déclare Mohamed Kaddour, nouveau président de l'APC. L'accumulation des problèmes La commune de Bordj El Bahri est passée, en l'espace de quelques années seulement, d'un petit village d'à peine quelques milliers d'habitants, à une agglomération tentaculaire. Cependant, les aménagements qui devaient accompagner cette démographie galopante n'ont pas suivi. Si au moins il y avait un certain respect pour les règles de l'urbanisme, car les extensions faites à partir du noyau de la petite ville coloniale ont été réalisées de manière anarchique et sans aucun plan. De ce fait, l'agglomération a perdu son cachet propre, à savoir une architecture harmonieuse et une continuité urbaine sans faille. Tous les lotissements qui ont été créés à Bordj El Bahri l'ont été de manière improvisée. Dans cet amalgame de difformités et de laideur, on n'a prévu ni jardins publics ni structures dédiées au sport et aux loisirs, encore moins des espaces de détente, toutes les parcelles vacantes ont été envahies par le béton. Où sont les centres culturels, les maisons de jeunes, les bibliothèques, les jardins d'enfants, les centres de santé, les parkings, pour ne citer que ces structures ? Hormis un centre culturel, qui est d'ailleurs fermé pour rénovation, aucun projet devant améliorer la vie des habitants n'a été réalisé. Même pas un cimetière où les morts peuvent élire domicile pour un repos éternel, n'a pas été aménagé. Les habitants de Bordj El Bahri, continuent à galérer pour enterrer leurs morts. La mafia du foncier a mis la main sur tout le patrimoine foncier de la commune, ne laissant même pas une parcelle pour aménager un cimetière. En dépit de la récente installation du staff municipal, le président d'APC promet de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour régler ce problème, «le dossier du cimetière est solidement ficelé, nous avons fait un grand pas dans la concrétisation de ce projet», rassure M. Kadour, qui regrette lui aussi cette situation. S'agissant des questions d'environnement, elles ont été pendant longtemps le cadet des soucis des élus locaux. «Ces mêmes élus, qui sont censés protéger notre cadre de vie de la détérioration, sont ceux-là mêmes qui ont participé à sa dégradation, ou au moins laissé faire», déplorent des habitants de Coco Plage, un rivage qui a subi une altération difficilement rattrapable. «Maintenant que le mal est fait, nous allons tenter de notre mieux pour sauvegarder ce qui reste des acquis touristiques et environnementaux de la commune. Nous n'allons ménager aucun effort pour redonner à la commune son éclat de naguère, particulièrement en matière d'hygiène et de sauvegarde des plages», assure M. Kaddour, qui se dit profondément marqué par l'état de dégradation des plages de Bordj El Bahri et par la propagation des ordures. «L'environnement est notre cheval de bataille. Nous devons combattre toutes les incivilités qui altèrent le cadre de vie des administrés. Aussi, nous allons renforcer le ramassage des ordures ménagères, d'ailleurs un nouveau plan de travail du service de la voirie sera mis en œuvre en vue d'optimiser l'opération de collecte des déchets ménagers», affirme le nouveau président d'APC, qui n'omettra pas de lancer un appel aux citoyens de la commune pour plus de civisme.