L'annulation par le président palestinien Mahmoud Abbas de la nomination par le ministre de l'Intérieur, Saïd Siam, de Jamal Abou Samhadana à la tête d'une nouvelle force de sécurité composée par des militants appartenant à plusieurs groupes armés a envenimé encore plus la situation entre la présidence dominée par le Fatah et le gouvernement issu du Hamas, suite à sa victoire aux législatives du 25 janvier. Jamal Abou Samhadana, chef des forces de la résistance populaire, un groupe armé qui a vu le jour au cours de l'intifadha d'El Aqsa, déclenchée en septembre 2000, est l'homme le plus recherché par Israël. sa nomination à ce poste est pour l'Etat hébreu l'incarnation du caractère « terroriste » de ce nouveau gouvernement palestinien. Abbas a publié un décret présidentiel annulant cette décision qui avait reçu la bénédiction du Premier ministre Ismaïl Haniyeh. Pour le président, la décision de créer une nouvelle force de sécurité est illégale et anticonstitutionnelle. Ce que conteste fortement, le Hamas. Et cela confirme encore une fois l'ampleur des divergences entre le gouvernement et la présidence. Cette décision respecte « la loi, les intérêts nationaux et est concertée », a déclaré le porte-parole du gouvernement Ghazi Hamad . « Nous avons un long compte à régler avec ce terroriste notoire et sa nomination ne lui donnera aucune immunité », a déclaré le ministre israélien de l'Habitat, Zeev Boim. « Nous n'avons pas peur de l'entité sioniste. Tout le peuple palestinien est visé et nous allons recourir à tous les moyens pour protéger les résistants et les fils de notre peuple », a rétorqué Samhadana. Il a échappé à deux raids ciblés d'Israël, qui le tient pour responsable de nombreuses attaques anti-israéliennes. Sa nomination a aussi été dénoncée par le département d'Etat américain, qui y voit la preuve de « la vraie nature » du cabinet dirigé par le Hamas. Jamais depuis l'installation du nouveau gouvernement, le ton n'a été aussi vif entre les deux principales forces palestiniennes, le mouvement Fatah et le mouvement Hamas. Lors d'un rassemblement organisé vendredi à Damas, où il vit en exil, Khaled Mechaâl, le chef du bureau politique du Hamas, avait accusé certains dirigeants du Fatah de faire le jeu de la politique d'isolement du nouveau gouvernement palestinien menée par les puissances occidentales. Dans la soirée, dans un communiqué, le conseil révolutionnaire du Fatah dit « considérer avec gravité le discours de Khaled Mechaâl ». « Nous ne pouvons décrire ce discours autrement qu'en utilisant le terme de sédition, puisqu'il vise à créer de la tension dans le champ palestinien et incite à une guerre civile sur l'ordre de ses maîtres », ajoute le communiqué. Cette nouvelle crise entre les deux pôles de la politique palestinienne survient alors que la population souffre de l'une des plus graves crises économique financière vécue depuis des décennies dans les territoires palestiniens, suite à l'embargo international imposé au nouveau gouvernement. Les salaires de plus de 150 000 employés que compte l'Autorité palestinienne n'ont toujours pas été versés. Omar Abdelrazek, ministre des Finances, a affirmé ne pouvoir donner aucune promesse quant à la date à laquelle ces employés percevront le salaire du mois de mars. Ajoute au non payement à L'Autorité palestinienne par Israël de près de 50 millions de dollars, montant mensuel des taxes et des droits douaniers sur les marchandises palestiniennes transitant par ses ports et ses aéroports. Le gel des aides américaines et européennes s'est traduit quant à lui par une perte de 607 millions de dollars par an, ce qui fait planer une menace de banqueroute sur l'Autorité, selon un récent rapport de l'ONU. Les agences des Nations unies dans les territoires palestiniens craignent une grave crise humanitaire, en dépit des promesse d'aides directes à la population. Lors de la campagne électorale le Hamas avait promis aux Palestiniens, une amélioration de leur niveau de vie grâce à une lutte vigoureuse contre la corruption. Récemment le Premier ministre Ismaïl Haniyeh les a appelés a résister, en se contentant s'il le faut de « sel et d'olives ». Cette situation financière catastrophique, dont souffre la majorité des foyers palestiniens semble pourtant d'une minime importance à côté du spectre de la guerre civile qui peut jaillir à tout moment.