En dépit de la reconduction du couvre-feu, les affrontements entre l'opposition et le roi du Népal, Gyanendra, se sont poursuivis, hier, faisant 27 blessés, dont 5 grièvement. L'opposition a aussitôt appelé à l'organisation d'une manifestation massive pour demain, et ce, jusqu'à la réalisation de son objectif, à savoir l'élection d'une assemblée constituante. Pour empêcher les manifestants de s'approcher du palais royal, la police a ouvert le feu, hier, avec des balles en caoutchouc. Mais ces incidents ont été d'une bien moindre ampleur que ceux de samedi, quand une centaine de personnes avaient été blessées dans des violences lors d'une manifestation massive qui avait rassemblé des centaines de milliers de Népalais contre le roi Gyanendra. Les communications par téléphones portables ont été à nouveau suspendues par le pouvoir qui cherche à empêcher les rassemblements d'opposants. Les principales artères de la ville étaient quadrillées par des forces paramilitaires tandis que des soldats armés de mitrailleuses étaient postés autour du palais royal. Samedi, entre 200 000 à 300 000 personnes avaient défilé à Katmandou pour exiger le rétablissement de la démocratie multipartite et rejeter les gestes d'ouverture du monarque. Confronté à une contestation sans précédent, le souverain a proposé vendredi dernier aux partis d'opposition de lui soumettre le nom d'une personnalité pour le poste de Premier ministre. Ceux-ci ont décliné l'offre du roi qu'ils enjoignent de rétablir la démocratie après son coup de force du 1er février 2005, quand le souverain Gyanendra s'était emparé des pleins pouvoirs après avoir limogé le gouvernement. « Il n'est pas question pour nous de rallier le gouvernement et la grève générale et les manifestations pacifiques vont se poursuivre », a averti l'alliance formée par les sept principaux partis d'opposition. Au moins treize personnes ont été tuées et des centaines blessées depuis. Dans un éditorial, le quotidien Rising Népal, proche du pouvoir, a mis les partis de l'opposition en garde contre le risque d'une « gaffe historique » s'ils repoussaient l'offre du palais. De son côté, The Himalayan, réputé neutre, est sorti de sa réserve en estimant que le roi avait « gâché » une occasion de faire son mea-culpa. Les concessions annoncées ont néanmoins été saluées par la communauté internationale. L'Inde, qui a suivi de près l'évolution de la crise, a proposé son aide au royaume himalayen « pour parvenir à la stabilité politique et au rétablissement économique le plus tôt possible ». La Chine a également accueilli favorablement l'engagement du roi, tout en appelant au calme dans le royaume. « Le Népal est un pays voisin, ami de la Chine, nous espérons sincèrement un retour rapide au calme et à une situation politique stable », a fait savoir le ministère chinois des Affaires étrangères.