Les habitants ont bitumé eux-mêmes les allées de ce bidonville qui deviennent impraticables en hiver. La cité bidonville «La Forêt», à Tixeraïne dans la commune de Birkhadem n'a jamais bénéficié de la moindre opération ou projet de développement de la part des autorités publiques. Abandonnée et marginalisée, cette cité de plus de 750 baraques est l'une des plus déshéritées de la capitale. Les habitants affirment avoir appris à se prendre en charge et se débrouiller sans rien espérer de la part des autorités. L'année dernière, les résidants ont organisé une quête suivie d'un volontariat pour bitumer les allées principales, devenues impraticables en hiver. La situation s'est relativement améliorée. «Depuis, les enfants peuvent aller à l'école sans porter de bottes de caoutchouc. Nos femmes et nos vieux ne craignent plus de tomber à cause de la boue», nous dira, avec beaucoup de fierté, un jeune résidant. «Hélas, ajoute-t-il, les solutions ne dépendent pas que de notre bonne volonté.» «Les services de Sonelgaz refusent catégoriquement de nous raccorder à l'électricité et la Seaal rechigne à nous alimenter en eau potable», indique notre vis-à-vis. Pourtant, cela est loin d'être bénéfique pour les sociétés en question. En accédant à cette «favela», on est accueilli par une véritable toile d'araignée, renseignant sur les branchements illégaux effectués par les habitants. Idem pour l'eau potable. «Toutes les baraques sont alimentées, illégalement», apprend-on. Certes, le danger d'électrocution est grand et les coupures sont fréquentes, mais les résidants consomment de l'énergie électrique gratuitement, et pourtant, ils ont à maintes reprises demandé l'installation de compteurs.«Ils voulaient nous priver de certificats de résidence. C'est incompréhensible, la majorité des habitants en disposent», explique un homme d'un certain âge. Il dit que l'actuel maire s'est déjà exprimé sur leur cas. «Il a dit que notre relogement est imminent, d'où l'inutilité d'engager des projets pour améliorer nos conditions de vie», ajoute ce père de famille, sans omettre de préciser que des promesses pareilles ont déjà été faites par les précédents édiles de la commune de Birkhadem.En fait, ce bidonville, connu aussi sous le nom de «Mme Gigot», constitue véritablement une exception. Les autorités locales refusent de dépenser le moindre sou pour y améliorer le cadre de vie, sans pour autant que le relogement de ses habitants soit garanti. «Nous ne pouvons croire le discours des élus, nous voulons des projets ou une date précise de relogement dans des habitations dignes», souligne de son côté une femme d'un certain âge rencontrée sur place. Selon des habitants, des familles sont venues s'installer ces derniers mois, mais la majorité des foyers a été recensée en 2007. Outre le casse-tête de l'anarchie et des privations, les habitants de «La Forêt» se plaignent de l'insécurité qui y règne. Les agressions et les vols sont fréquents, notamment la nuit. Des agissements facilités par l'absence d'éclairage public. «Les retardataires sont la cible privilégiée des voyous qui viennent des autres quartiers commettre leurs forfaits et repartir», révèlent des résidants, qui ne cachent pas leur inquiétude devant les proportions que prend la délinquance.