Ce que beaucoup d'observateurs redoutaient pour la révolution tunisienne – à savoir la résurgence de l'islamisme radical – n'a pas tardé à se manifester dans ses formes les plus violentes. Les autorités tunisiennes ont beau rassurer la communauté internationale sur leur capacités à juguler le mouvement islamiste, en prétendant le noyer dans un processus démocratique qui reste à inventer, les groupes djihadistes ont trouvé justement là la brèche dans laquelle ils vont très vite s'engouffrer. Ils vont encore profiter davantage de la perméabilité des frontières de ce pays – avec la dislocation actuelle de la Libye – pour se redéployer, s'équiper et investir le terrain. Les dernières nouvelles sont loin d'être rassurantes. On apprend que, dans la nuit du mardi à mercredi, 17 et 18 mai 2011, des affrontements armés ont eu lieu dans la zone entre Rouhia et Siliana entre l'Armée nationale, la Garde nationale et les forces de sécurité intérieure, d'un côté, et des éléments identifiés du réseau de la branche d'El Qaïda au Maghreb faisant deux morts parmi les terroristes, qui avaient réussi à fuir lors des incidents de Soliman, et celle d'un officier de l'armée. Cet accrochage a eu lieu lors d'une opération de ratissage menée par les forces de sécurité suite aux aveux des personnes suspectes arrêtées dernièrement dans le sud tunisien. Le groupe terroriste en question était composé de sept éléments et s'apprêterait à commettre des attentats dans le pays. Et après l'élimination de deux de ses membres, ce groupe est actuellement pourchassé par les forces armées, soutenus par la Garde nationale et les forces de sécurité. Leur arrestation ou leur mise hors d'état de nuire serait une question d'heures, sachant que des renforts d'éléments de forces spéciales en matière de lutte antiterroriste sont en route ver la zone en question. Parmi les éléments de ce groupe d'El Qaïda, actuellement assiégés dans la région de Siliana, se trouveraient des Mauritaniens et des Algériens, dont notamment un certain Walid Saâdaoui connu sous l'appellation de «Ettounsi Essaâdaoui», déjà impliqué dans de précédents attentats terroristes. Ce brusque accès de violence en Tunisie va, à l'évidence, mettre le pouvoir «post-révolutionnaire» dans une situation d'embarras, dans le sens où cela ne pourra que justifier, à terme, un retour à la logique sécuritaire et au verrouillage du champ politique, pour éviter une éventuelle et fatale collusion entre l'islamisme politique et l'action djihadiste, et de revivre l'expérience algérienne, dont la seule évocation donne des frissons dans le dos ! Un colonel tué et deux militaires blessés Un colonel de l'armée tunisienne a trouvé la mort et deux militaires ont été grièvement blessés au cours de l'accrochage avec le groupe terroriste, dans la localité de Rouhia, a indiqué une source sécuritaire. Au cours des échanges de tirs, deux terroristes ont été abattus par les militaires. Selon la même source, les deux terroristes abattus portaient des ceintures explosives. Selon des témoignages, le groupe terroriste est arrivé de Sbiba (près de la ville de Kasserine) et s'est dirigé vers un parc de stationnement à Rouhia. Le gardien du parc, surpris par la présence de ce groupe, a alerté les forces de sécurité. A leur arrivé, les militaires ont essuyé des tirs de la part du groupe armé. Le militaire Walid Hadji a été grièvement blessé alors que le colonel Tahar El-Ayari a été tué. L'identité du troisième militaire blessé n'a pas été donnée. La riposte des militaires a permis de mettre hors d'état de nuire deux terroristes. Les deux terroristes qui avaient échangé des coups de feu avec l'armé ont permis à leurs acolytes de prendre la fuite. Des passeports libyens auraient été trouvés sur les deux hommes. De source officielle, le ministère tunisien de l'Intérieur a indiqué que «des unités spéciales de la Garde nationale et de l'armée, avec l'aide de quelques citoyens, ont pu aux alentours de 6h55 découvrir trois terroristes armés dans la région de Rouhia». «Ces terroristes ont tiré sur des unités de l'armée et de la Garde nationale, blessant trois soldats dont l'un d'entre-eux, un colonel, est décédé». «Deux de ces terroristes ont été tués, tandis que le troisième a réussi à s'enfuir. Des hélicoptères de l'armée tunisienne survolaient mercredi la région, selon plusieurs témoins. Larbi Balta et Rédha Moncef