Les médias français semblent atteints par la maladie du flou qui entoure la question de la santé du président algérien, donnant déjà le tournis aux rédactions d'Alger. Alors que France 24, s'appuyant, faute d'autres sources, sur une réponse du standard de la structure hospitalière française pour dire que le chef de l'Etat algérien aurait quitté l'hôpital, le site du Parisien.fr affirme pour sa part que Bouteflika demeure au Val-de-Grâce et n'a pas quitté son lit d'hôpital. «Selon nos informations, le président algérien est toujours à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce», souligne le média français, qui cite une source militaire française affirmant qu'«aucun changement n'a été demandé pour les prochains jours aux forces de sécurité qui entourent la présence du président algérien». La même source estime que ceci «laisse penser que Bouteflika séjournera encore quelques jours dans cet établissement». Son maintien à l'hôpital signifie-t-il que son état nécessite d'autres soins et non juste du repos comme le suggère les communiqués de la Présidence ? Jusqu'à quand y demeurera-t-il ? Dans quel état se trouve-t-il réellement ? Est-il apte à continuer à assumer sa responsabilité de chef d'Etat ? Autant de questionnements qui demeurent, à ce jour, soit 13 jours après son admission au Val-de-Grâce, sans réponse. L'actuelle hospitalisation de Bouteflika, comme les précédentes d'ailleurs, pose la problématique de la nature de la communication institutionnelle, si tant est qu'on puisse qualifier les quelques bribes d'informations distillées ici et là de communication. L'Algérie entière est suspendue à des fuites d'infos ou des rumeurs. Certains le disent gravement malade, ce qui explique la convalescence qui s'annonce plus longue qu'on le laisse croire, contrairement à la Présidence qui, pour sa part et au travers de communiqués laconiques et espacés, tente de rassurer et de dire qu'il va de mieux en mieux. D'autres pensent déjà à sa succession, alors que certains par contre essayent difficilement de le localiser, l'absence d'image suscitant mille et une suppositions. La nature du régime étant faite de mépris pour le peuple, on lui lâche de temps à autre des fragments d'information parfois contradictoires pour ne pas laisser de folles idées le parcourir ou pour justifier l'absence de Bouteflika tantôt du match de Coupe d'Algérie ou de celle de la commémoration des événements du 8 Mai 1945. C'est d'ailleurs en cette même occasion, l'année dernière, qu'il avait donné son dernier discours dans lequel il avait lâché cette fameuse déclaration que sa génération était «vieillissante» et qu'elle devait «passer le témoin». Hasard du calendrier ou du sort, l'anniversaire de ce discours coïncide avec l'hospitalisation du Président. Force est de constater que la maladie du chef de l'Etat est une énigme de plus à ajouter au palmarès bien long des manœuvres de pouvoir. Mais si la maladie de Bouteflika est une énigme, le diagnostic du mal qui ronge le pays est, quant à lui, bien connu. Corruption, gabegie, abus de pouvoir, inégalités sociales, atteintes aux libertés sont autant de cellules malignes atteignant le pays en profondeur du fait d'une gestion chaotique et despotique des affaires publiques.