L'Intersyndicale de la santé décide de poursuivre sa grève cyclique de trois jours pour la troisième semaine consécutive. Le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, menace de «sévir» contre les grévistes. Le bras de fer se corse et les malades sont pris en otages. La situation se corse dans le secteur de la santé. Le bras de fer engagé entre le premier responsable du secteur et l'Intersyndicale de la santé n'est pas près de connaître son épilogue. Les deux parties campent sur leurs positions, créant une situation des plus chaotiques dans l'ensemble des établissements hospitaliers du pays. Jeudi dernier au Conseil de la nation, le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, a défié encore une fois les professionnels de la santé en brandissant la menace de la sanction s'ils ne suspendent pas leur mouvement de protestation. Pire, M. Ziari s'entête à ignorer l'existence même de cette Intersyndicale qui lui tient tête, refusant clairement de la convier autour d'un table de négociations. La raison, selon lui, est que l'Intersyndicale n'a aucune base juridique. «L'Intersyndicale n'est pas reconnue et le ministère ne négocie pas avec des syndicats non agréés», a lancé M. Ziari d'un ton sec, visiblement agacé par ce conflit interminable qui paralyse son secteur. Pour le ministre, son département n'a jamais fermé la porte du dialogue. Mais «moi en tant que responsable du secteur, je négocie uniquement avec les syndicats agréés et ce n'est pas le cas avec l'Intersyndicale de la santé publique», a-t-il insisté, accusant au passage ce regroupement syndical de s'être constitué en intersyndicale pour servir de moyen de pression. En tout état de cause, faut-il le rappeler au ministre, un syndicat, par essence, a pour vocation de faire pression sur le gouvernement pour faire aboutir ses revendications. Cela étant, les syndicats de la santé ont le droit de créer un pôle et d'user de tous les moyens pour arracher leurs droits. Le département de Ziari ne voit, toutefois, pas sous cet angle le combat de ces syndicats et se dit prêt à recourir à des mesures extrêmes dans le cas où l'Intersyndicale persiste dans ses positions de jusqu'au-boutisme. M. Ziari s'est, en revanche, montré rassurant quant aux autres syndicats, affirmant sa disponibilité à poursuivre le dialogue avec eux pour «trouver des solutions dans la mesure de ses moyens». «Le dialogue constructif permettra de parvenir à des solutions», a-t-il soutenu. Ce qui sous-entend que le premier responsable du secteur de la santé n'est pas prêt à répondre favorablement à toutes les revendications des grévistes, fort nombreuses. «Tous les syndicats ont pour rôle de défendre et de protéger les droits des travailleurs à l'exception de l'Intersyndicale et les pouvoirs publics sont ouverts à la négociation dans les limites de leurs moyens.» Le ministre a annoncé avoir rencontré ces derniers jours des organisations dans l'objectif de trouver des solutions aux problèmes posés par les grévistes. Seulement, selon ces derniers, les rencontres en question n'ont abouti à rien et la contestation qui se poursuit en est une preuve palpable. De son côté, l'Intersyndicale, composée du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), du Syndicat national des psychologues (Snapsy) et du Syndicat des enseignants du paramédical, ne compte pas capituler. Elle refuse de céder devant les menaces brandies par le ministre. Au contraire. Elle durcit le ton en annonçant la reconduction de la grève cyclique de trois jours à partir du 20 mai prochain. Ce sera la troisième semaine consécutive pour ce mouvement de protestation organisé par cette Intersyndicale. «Devant le mutisme, le mépris, les mesures répressives et l'absence de dialogue (…), l'Intersyndicale des professionnels de la santé décide de renouveler le mouvement de protestation pour la défense de sa plateforme ainsi que des points spécifiques à chacun de ses membres», affirme l'Intersyndicale dans un communiqué rendu public. Un rassemblement national sera organisé, le 22 mai prochain à 11h, devant le ministère de la Santé. L'Intersyndicale de la santé se dit toujours disponible au dialogue, en interpellant à nouveau «le Premier ministre et le ministre de la Santé pour le respect de leurs engagements pour la prise en charge de sa plateforme de revendications.» Les représentants de ce regroupement précisent que le ministère de la Santé a par le passé reçu les membres de l'Intersyndicale. «Nous sommes quatre syndicats agréés et une Intersyndicale ne peut être agréée, c'est un espace de concertation», expliquent-ils.