L'Europe, qui semble prendre goût au racisme, inquiète. La remontée des voix de l'extrême droite aux Pays-Bas, au Danemark, en Russie, en Italie, en France et en Belgique renvoie l'image d'un continent repoussant, vieillissant et se renfermant sur lui-même. Ce qui vient de se passer à Bruxelles, en Belgique, est la parfaite illustration de ce syndrome. L'assassinat du jeune Joe Van Holsbeeck, le12 avril 2006, pour un baladeur MP3 a mis en émoi le royaume. Normal puisque l'assassinat est condamnable. Ce qui l'est moins est la mise en accusation presque « naturelle » de la communauté maghrébine du pays. Des médias aussi absurdes que des hommes politiques ont prononcé la sentence et dressé la potence : « Les assassins sont des Arabes ! » D'autres médias européens ont pris le relais. Que l'anathème soit jeté sur toute une communauté n'a choqué personne. Que le verdict soit tranchant alors qu'aucune enquête n'a été menée n'a pas troublé le sommeil des bien-pensants. Et voilà que les caméras de surveillance dévoilent que les assassins présumés sont des... jeunes Polonais. Des Polonais qui ont la réputation d'être blancs de peau. Comme par enchantement, le « vacarme » cesse ! Que faut-il en conclure ? D'abord que l'arrière-pensée haineuse, qui entretient l'idée de l'Arabe « voleur et violent », est toujours aussi forte, en Belgique comme ailleurs. Et qu'ensuite le racisme n'est pas un phénomène passé de mode. Le surmédiatisé ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui est d'origine hongroise, appelle, comme l'ont fait avant lui les adolescents du Front national, à « aimer » la France ou « la quitter ». Les ailes de la droite française, essoufflée et sans imagination, se rapprochent d'une manière troublante. Les différences sont devenues presque transparentes. Ce n'est plus choquant que Philippe de Villiers, un catholique convaincu, déclare « la guerre » aux musulmans, coupables, à ses yeux, de constituer un danger pour « la République ». Aux Pays-Bas, des extrémistes ont incendié des mosquées, après l'assassinat d'un cinéaste, sans que cela fasse scandale. L'islamophobie ne heurte aucune sensibilité. En Russie, on tue des Tadjiks, des Arméniens et des Indiens à coups de couteau dans les rues. En toute froideur. Sans être inquiétés, des néonazis sèment la terreur avec un malin plaisir. Partout en Europe, l'immigration est mise au banc des accusés. Comme si ce vieux continent n'avait plus besoin d'apport extérieur en main-d'œuvre. La discrimination à l'embauche est en augmentation dans plusieurs pays. Les lois hypocrites anti-immigration sont à la mode. Autre image fascisante : à chaque attentat de type terroriste sont cités, en premier lieu et sans attendre les conclusions de la justice, les teints bruns, les musulmans, les Arabes... Cela sonne « beau » de joindre un nom à connotation orientale à une bombe artisanale. A la longue, ce jeu dégoûtant, auquel s'offrent avec récurrence les médias occidentaux, devient lassant. Il y a parfois des génocides qui n'ont plus besoin de sang...