Après avoir échoué à travers l'ultimatum lancé le 28 février dernier par le Conseil de sécurité à l'Iran pour le contraindre à renoncer à son programme nucléaire d'enrichissement de son uranium, l'instance onusienne accentue ses pressions sur Téhéran pour obtenir une capitulation sans conditions de l'Iran. Une rencontre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et l'Allemagne) est prévue aujourd'hui à Paris au niveau des directeurs politiques pour affiner leur stratégie vis-à-vis de l'Iran. Le 9 mai une autre réunion, cette fois-ci au niveau des ministres des Affaires étrangères de ces pays, est prévue à New York pour arrêter des décisions pratiques contraignantes contre l'Iran à soumettre au Conseil de sécurité. Les Occidentaux réfléchissent déjà à un projet de résolution inspiré du chapitre VII de la charte de l'ONU, autorisant le Conseil de sécurité à prendre des sanctions contre un pays, voire en dernier ressort à recourir à l'intervention militaire en cas de menace de la paix. Les Occidentaux font dans la litote en se défendant de ce que cette nouvelle initiative politique qu'ils proposent soit confondue avec un quelconque appel à des sanctions encore moins à des frappes militaires contre l'Iran. C'est, dit-on, seulement une manière de forcer la main à Téhéran et de sortir des discours politiques et des ultimatums qui n'ont abouti jusqu'ici à aucun résultat. On évoque « un processus par étapes maîtrisé ». Cette résolution a peu de chance d'aboutir, car ne recueillant pas l'adhésion de tous les membres permanents du Conseil de sécurité notamment de la Chine et de la Russie. La Chine a exprimé vendredi à l'ONU son opposition à une telle initiative, assurant qu'un tel recours « compliquerait » les choses. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a également « émis des réserves » sur le chapitre VII lors d'un entretien vendredi à Sofia avec son homologue français, Philippe Douste-Blazy. Le président américain, George W. Bush, défend pour sa part l'idée d'un « front uni » de la communauté internationale face à Téhéran. « Le désir de l'Iran d'avoir une arme nucléaire est à mon avis dangereux. Le processus diplomatique ne fait que commencer », a-t-il expliqué. Au milieu de cet activisme diplomatique, l'Iran tente d'afficher une totale sérénité et continue son bonhomme de chemin, ne changeant pas une virgule à son programme nucléaire. Non seulement l'Iran refuse de capituler et de se soumettre aux injonctions du Conseil de sécurité mais bien plus, il a choisi le moment pour faire monter encore davantage les enchères en annonçant le jour de la tenue de la réunion du Conseil de sécurité le 28 février dernier que la recherche nucléaire dans le pays est passée à une phase supérieure en envisageant d'utiliser des centrifugeuses plus perfectionnées pour son programme d'enrichissement d'uranium. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, avait donné le ton dès son investiture en martelant, comme il l'a répété encore ce vendredi à la veille de la réunion du Conseil de sécurité, qu'il est hors de question que l'Iran renonce à son programme nucléaire. Le vice-président de l'organisation iranienne de l'énergie atomique, Mohamed Saïdi, a annoncé à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité que son pays était prêt à reprendre volontairement l'application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP) si ce dossier revient au niveau de l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'Iran joue allégrement sur les divisions du Conseil de sécurité mettant à profit les relations stratégiques avec la Chine et la Russie pour faire échec à l'offensive du Conseil de sécurité sous la férule des Américains pour faire plier Téhéran sur son programme nucléaire. Les projets pétroliers et gaziers qu'elle partage avec la Chine, un pays qui est engagé dans une course effrénée à l'accumulation de stocks stratégiques en produits énergétiques pour soutenir son boom économique et la demande sociale croissante en énergie, font que Pékin réfléchira à deux fois avant d'oser le moindre pas dans le traitement du dossier nucléaire iranien. La Russie est logée à la même enseigne. Engagé dans le projet de construction de la centrale nucléaire de Bouchehr, Moscou fait et fera également tout pour ne pas compromettre ses relations avec l'Iran.